
- Affaire de Bruay-en-Artois : cinq ans de contre-enquête et un coupable ?
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Brigitte Dewèvre venait d’avoir 15 ans. Avec ses parents, mineurs, et ses frères et sœurs, elle habitait un coron à Bruay-en-Artois, petite commune ouvrière du Pas-de-Calais.
Le 5 avril 1972, Brigitte se rend chez sa grand-mère, à pied, pour y passer la nuit. Elle n’arrivera jamais à destination. Le lendemain après-midi, on découvre son corps supplicié et en partie dénudé dans un terrain vague des environs. La jeune fille a été étranglée avec un lien. Elle n’a pas été violée.
Très vite, dans la région, les soupçons se portent sur le notaire Pierre Leroy et sa maitresse, Monique Bégin-Mayeur, dont la propriété jouxte le terrain vague. Surtout, le notaire traîne une sale réputation : on le sait célibataire et habitué des bordels de Lille. Le coupable idéal…
Le 13 avril, il est mis en examen pour « homicide volontaire ». Mais trois mois plus tard, il est disculpé. Trop peu d’éléments permettent de l’accuser véritablement, même si l’opinion publique, qui s’est emparée de l’affaire, est persuadée de sa culpabilité. C’est le « riche bourgeois » qui a tué la fille d’un mineur : la colère gronde chez les classes populaires.
Affaire de Bruay-en-Artois : cinq ans de contre-enquête et un coupable ?
Pour autant, l’enquête connait dès lors une série de fausses pistes et d’échecs. La maîtresse du notaire est mise en examen, puis relâchée à son tour. Et en 1975, Jean-Pierre Flahaut, un camarde de Brigitte, s’accuse contre toute attente du crime. Il sera, lui aussi, innocenté.
En 2003, à bout de pistes, la justice ordonne un non-lieu dans l’affaire, et en 2005, le crime est définitivement prescrit. Le meurtre de la petite Brigitte ne sera donc jamais jugé, quoi qu’il arrive.
Cela n’a pas empêché Daniel Boudon, ancien flic de la BAC à Paris, et originaire de Bruay, de mener pendant 5 ans une contre-enquête pleine de rebondissements, au terme de laquelle il assure avoir identifié, 50 ans plus tard, le coupable. Interview.