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IstockElle était promise à un brillant avenir. Dans les années 1990, les mini-miss ont la cote aux Etats-Unis, où une en particulier a réussi à se faire un nom : JonBenét Ramsey. La fillette de six ans a remporté des prix prestigieux les années précédentes, grâce à son aisance sur scène et ses costumes élaborés. Il faut dire qu’elle est coachée par une femme très exigeante, elle aussi ancienne reine de beauté : sa mère Patsy Ramsey. Cette mère au foyer, qui a été miss de l’Etat de Virginie, a de grandes ambitions pour sa fille et la fait donc participer à tous les concours du genre à travers le pays.
Dans le milieu mais aussi au-delà, la fillette de six ans s’est fait un nom et son visage poupin, cheveux blonds et grands yeux bleus, commence à s’afficher dans les médias. Surnommée Little Miss Sunshine, elle semble remplir tous les critères de la réussite américaine, à l’image de sa famille. Son père John Bennet est un homme d’affaires spécialisé dans le matériel informatique et jouit d’une bonne réputation, lui aussi récompensé d’un prix local. Avec sa femme Patsy, ils ont un fils aîné qui s’appelle Burke et qui a trois ans de plus que sa petite sœur. La petite famille vit dans une belle maison de Boulder (Colorado), une ville très tranquille au pied des montagnes et où la criminalité est quasiment inexistante.
Le décor de carte postale est parfait, mais va pourtant s’effondrer en un rien de temps. En effet, le matin du 26 décembre 1996, Patsy Ramsey appelle la police pour signaler la disparition de sa petite fille. Elle explique au téléphone avoir trouvé une note manuscrite de trois pages dans les escaliers de sa maison, demandant une rançon de 118 000 dollars pour récupérer son enfant, sans quoi elle sera tuée. Selon toute vraisemblance, la petite fille aurait été kidnappée chez elle entre le 25 et le 26 décembre. Qui donc aurait pu s’en prendre à cette mini-miss le soir de Noël ?
Arrivés sur place, les policiers de Boulder passent la maison au peigne fin, mais leur tâche est rendue difficile par le nombre de personnes présentes. En effet, plusieurs amis de la famille sont venus soutenir les parents meurtris et les allers-retours se multiplient entre la porte d’entrée et le salon. Impossible donc de faire des relevés qui aient un sens dans ces conditions… Les forces de l’ordre fouillent tout de même à plusieurs reprises la maison de la famille Ramsey, mais rien ne permet de comprendre ce qu’il s’est passé cette nuit-là. Le ravisseur avait écrit dans sa lettre qu’il appellerait à 10 heures, mais le téléphone ne sonne pas et l’attente se fait de plus en plus insupportable pour les parents de la fillette.
Finalement, à 13 heures, John Ramsey – le père de JonBenét – descend au sous-sol de sa maison, sans raison apparente. Il découvre alors, dissimulé sous une couverture, le corps de sa petite fille. Elle a les bras au-dessus de la tête et du ruban adhésif recouvre sa bouche. Son premier réflexe est de prendre l’enfant dans ses bras et de la ramener dans le salon, pour la déposer au pied du sapin de Noël. Un geste désespéré, qui aura des conséquences sur toute la suite de l’enquête. C’est à ce moment-là que commence le mystère JonBenét Ramsey.
La petite fille n’a donc pas été kidnappée puisque son corps a été retrouvé au sous-sol de sa maison. Très vite, de nombreuses questions se posent du côté des enquêteurs : pourquoi le meurtrier aurait-il rédigé cette longue lettre s’il a tué la fillette chez elle et laissé son corps ? Comment a-t-elle été tuée dans la maison sans que personne n’entende rien, en pleine nuit ? Selon les premières constatations, JonBenét Ramsey a été tuée 10 à 12 heures avant la découverte de son corps par son père.
Elle présente un choc à la tête, qui pourrait ne pas être mortel, mais a visiblement été étranglée à l’aide d’un garrot toujours placé autour de son cou. Il est constitué une lanière et d’un bout de bois ayant permis à l’assassin de serrer suffisamment fort pour faire pénétrer l’objet dans la chair de la petite fille. Un dispositif sophistiqué, qui lui aurait demandé du temps. Une abrasion des parties génitales suggère qu’elle aurait pu être victime de sévices sexuels, mais sans pouvoir le confirmer. Deux taches de sang sont découvertes dans ses sous-vêtements, dont un ADN qui n’appartient ni à la victime, ni aux parents. S’agit-il du meurtrier ?
Très vite, le FBI mène l’enquête puisqu’il s’agit d’un meurtre d’enfant. Le statut de mini-miss de JonBenét a-t-il attisé les convoitises d’un pédophile ? C’est la piste privilégiée par les enquêteurs, comme par les parents de la petite fille. Selon le scénario qui se dessine, un individu serait entré dans la chambre de la fillette en pleine nuit et aurait réussi à l’immobiliser avec un pistolet à impulsion électrique, retrouvé au sous-sol. C’est là qu’il aurait tué sa jeune victime, sans réveiller personne dans la maison. Pourtant, des éléments découverts sur place ou dans le discours des parents ne collent pas avec cette hypothèse… Très vite, le père et la mère de JonBenét sont eux aussi soupçonnés de quelque chose.
La découverte du corps de JonBenét par son père reste très curieuse aux yeux des enquêteurs de Boulder. En effet, dissimuler un corps sous un linge ou une couverture est typique d’un proche, qui ne parvient pas à poser les yeux sur le geste qu’il a commis. Ils pensent donc que le meurtrier de la fillette est une personne de la famille ou en tout cas une connaissance.
John Ramsey fait d’abord figure de principal suspect, car ses réponses sont assez floues et il semble détaché des événements depuis l’appel de sa femme à la police le 26 décembre. Sa découverte du corps intrigue aussi les enquêteurs, car elle leur paraît surréaliste. Des analyses graphologiques sont demandées et révèlent que ni le père de JonBenét ni son frère Burke ne peuvent avoir écrit la lettre de revendications. Par contre, des similitudes sont trouvées entre l’écriture de la missive et celle de la mère, Patsy.
Très vite, les soupçons se tournent donc vers cette « stage mom », à la fois mère et coach de sa fille, pour laquelle elle avait de hautes exigences. Les voisins de la famille Ramsey expliquent qu’il arrive à Patsy de se montrer un peu violente et colérique avec la petite, qui fait encore parfois pipi au lit. Ca, sa mère ne l’aurait pas supporté. Pour un enquêteur, c’est là qu’il faut creuser pour trouver l’origine de la mort de JonBenét. Il émet l’hypothèse selon laquelle la petite fille se serait réveillée après avoir fait pipi au lit, comme le prouve l’alaise de son matelas. Elle aurait alors subi un châtiment corporel de la part de sa mère, ce qui expliquerait les blessures au niveau des parties génitales. Une dispute aurait éclaté dans la salle de bain de la famille, la fillette aurait été projetée contre la baignoire, mais n’aurait pas été tuée sur le coup, ce que sa mère ne savait pas. Elle aurait donc choisi de maquiller son crime avec le garrot, la demande de rançon et le corps dans la cave.
Bien sûr, Patsy Ramsey conteste fermement les accusations de cet enquêteur et la police de Boulder ne dispose d’aucune preuve pouvant aller dans ce sens. Le mystère reste entier et, deux ans après la mort de la fillette, le procureur général décide d’examiner une nouvelle fois toutes les preuves et donc de reprendre l’enquête à zéro. Il convoque un grand jury, composé de citoyens américains, qui, pendant un an, va entendre de nombreux témoignages. Au final, aucune poursuite n’est engagée car le grand jury estime ne pas avoir assez de preuves pour accuser les parents mais pas non plus assez pour accréditer la thèse du crime sexuel.
25 ans après la mort de la petite JonBenét Ramsey, l’affaire n’est toujours pas élucidée. Sa mère Patsy est décédée en 2006, emportant avec elle ses derniers secrets. Son père a déménagé et refait sa vie. Seul un nouveau rebondissement permettrait de relancer l’affaire, pour comprendre enfin ce qui est arrivé à Little Miss Sunshine.
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