Delphine Jubillar : comment elle a disparu en quelques heuresAFP
Que s'est-il passé entre 23 heures et 4 heures du matin, dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020 ? C'est dans ce court laps de temps que Delphine Jubillar disparaît de chez elle... Pour ne jamais revenir. Le point sur ces dix mois d'enquête.
Sommaire

Quelques heures de doutes, qui font toute la différence. Le soir du 15 décembre 2020, Delphine Jubillar passe la soirée chez elle, en compagnie de son mari Cédric et de leur fils de six ans, Louis. Leur fille, 18 mois à l’époque, est couchée depuis longtemps lorsque le duo, composé de la jeune femme et du petit garçon, regarde une émission de divertissement diffusée sur M6. 

Étant l’une des dernières personnes à avoir vu sa mère en vie, Louis a été interrogé à plusieurs reprises par les gendarmes qui mènent l’enquête depuis le début. Se souvient-il d’une dispute entre ses parents ce soir-là ? Lors d’une seconde audition, il explique avoir entendu des gros mots entre ses parents. Pour les avocats de Cédric Jubillar, le petit garçon pourrait très bien confondre cette soirée avec une autre. 

Delphine Jubillar : les menaces de son mari

Une chose est sûre, il s’est passé quelque chose ce soir-là. Si la piste du départ volontaire a été envisagée un temps, elle a vite été balayée par les témoignages de proches de Delphine Jubillar, affirmant qu’elle ne sortait jamais seule la nuit et, surtout qu’elle ne serait jamais partie sans ses enfants. Pour les gendarmes, tout se serait joué à l’intérieur de cette maison de Cagnac-les-Mines, entre deux époux qui s’apprêtaient à se séparer. 

A quelques jours de la nouvelle année, Delphine Jubillar a envie de changer de vie et a déjà engagé de nombreuses procédures pour passer du rêve à la réalité. Elle a rencontré un homme, son « confident de Montauban », avec lequel elle prévoit de s’installer. Elle a fait un crédit pour une nouvelle voiture et a commandé de nouveaux meubles. A-t-elle prévenu son mari ce soir-là ? 

Lui se doute de quelque chose et, selon les dernières révélations de La Dépêche, une amie de la disparue lui aurait confirmé au début du mois de décembre que sa femme voyait bien un autre homme. Les jours qui ont précédé la disparition, Cédric Jubillar s’est montré menaçant à son encontre auprès de plusieurs personnes, notamment sa mère. « Je vais la tuer, je vais l’enterrer et personne ne la retrouvera », aurait-il confié à cette dernière au téléphone. Moment de colère ou début d’un plan ? Mis en examen pour « homicide volontaire par conjoint », Cédric Jubillar continue de clamer son innocence et reste toujours présumé innocent.

Une question est encore suivie d’un gros point d’interrogation : comment une jeune femme si bien entourée peut-elle disparaître si rapidement, en plein hiver et au premier jour d’un couvre-feu ? Tout se serait joué en quelques heures… 

Delphine Jubillar : les 9 minutes qui ont tout changé

Le soir de sa disparition, Delphine Jubillar ne change pas ses habitudes. Après avoir passé la soirée en famille, elle envoie un dernier message à son amant, un peu avant 23 heures. Selon les éléments de l’enquête – dévoilés par plusieurs médias – il s’agirait d’une photo en tenue de nuit, montrant la jeune femme douchée et donc prête à se mettre au lit. C’est, aujourd’hui encore, la dernière preuve matérielle que les enquêteurs ont d’elle en vie. 

Pour les avocats de Cédric Jubillar, ce cliché aurait très bien pu être pris à un autre moment et rien ne prouve qu’il a effectivement été réalisé le soir du drame. Devenue accro à son téléphone, la jeune femme n’envoie plus de message à compter de cette heure-là et ne répondra plus jamais au portable, ce dernier ayant cessé de borner à quelques kilomètres seulement de son domicile. Il est, encore aujourd’hui, introuvable. 

Des voisines du couple Jubillar ont affirmé avoir entendu des cris stridents, probablement ceux d’une femme, le soir du 15 décembre, un peu après 23 heures. Ils auraient pu provenir du domicile du couple, mais les avocats du suspect rejettent cet élément, expliquant que l’horaire donné n’est pas le bon et qu’il ne permet pas de démontrer qu’il s’agit bien de la jeune femme. Pour autant, les enquêteurs sont désormais persuadés que tout s’est joué en quelques minutes aux alentours de cette heure-là, en toute fin de soirée, une fois les enfants couchés. Ils estiment qu'ensuite Cédric Jubillar aurait eu le temps, jusqu'à 4 heures du matin, de prendre sa voiture pour aller cacher le corps de sa femme, explique CNews.

Pour comprendre ce qui les pousse à élaborer ce scénario, il est nécessaire de revenir quelques mois en arrière… 

Delphine Jubillar : les derniers messages envoyés

Au mois de décembre, Cédric Jubillar a des doutes concernant la fidélité de sa femme et se demande si elle n’a pas un amant. Il en fait part à certains de ses amis, mais mène surtout l’enquête de son côté, fouillant dans les effets personnels de son épouse et mettant en place une véritable « surveillance » de ses moindres faits et gestes. Il tente de géolocaliser son portable, consulte ses relevés de compte à des automates… Bref, il veut connaître la vérité. 

L’ambiance est tendue entre les époux et rien ne semble pouvoir apaiser les envies d’ailleurs de Delphine Jubillar. Au mois de juillet, La Dépêche a eu accès aux SMS qu’ils se sont envoyés en octobre et décembre, très peu de temps donc avant la disparition. La jeune femme semble à bout et reproche à son mari de mener une « vie de Bidochon » avec une « maison de Bidochon » et une « voiture de Bidochon ». Elle lui reproche de « perdre ses boulots, ses négligences par rapport à la maison à moitié finie, sa voiture toujours en panne », explique le quotidien local. 

Lui affirme qu’il fera le « nécessaire » et multiplie les tentatives de reconquête. Ce n’est pas suffisant, surtout lorsque Delphine Jubillar apprend qu’il a tenté de la localiser sur son téléphone. « Fous mois la paix, c’est mort, plus de retour en arrière », écrit-elle au mois de décembre. Voici un de leurs derniers échanges, publié par La Dépêche

- Cédric Jubillar : « Non, s’il te plaît, je t’aime » - Delphine Jubillar : « Je me fous des conséquences, ce n’est pas moi qui aie le plus à perdre - Cédric Jubillar : « Non, s’il te plaît je t’aime »  - Delphine Jubillar : « Je m’en b… De ton amour »  - Cédric Jubillar : « Je veux ton bonheur, je veux faire le max pour toi, je ne veux pas te perdre, s’il te plaît ». 

Elle n’a pas répondu à ce dernier message.