Delphine Jubillar : les zones d’ombre sur lesquelles son fils s'est expliquéAFP
Près d'un an après la disparition de Delphine Jubillar, son fils de sept ans a été interrogé par les magistrats pour la première fois. Étant l'une des dernières personnes à avoir vu sa mère en vie, il évoque une dispute et des « gros mots » entre ses parents.
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Une triste date. Le 15 décembre prochain marquera le premier anniversaire de la disparition de Delphine Jubillar, cette mère de famille de 33 ans qui s’est évaporée en pleine nuit d’hiver et n’a plus jamais donné signe de vie. Son mari, Cédric, fait figure de principal suspect et a été mis en examen pour « homicide volontaire par conjoint ». Placé en détention provisoire depuis bientôt six mois, il clame son innocence dans cette affaire. Entendu par les juges d’instruction au mois de novembre, il va devoir s’expliquer sur la dernière soirée de son épouse le vendredi 3 décembre, pour une audition qui s’annonce clef. 

Delphine Jubillar : une dispute le soir du 15 décembre ?

Les gendarmes qui mènent l’enquête depuis l’hiver dernier ont tout de suite eu des soupçons à l’égard du trentenaire, mais on longuement tissé leur toile avant de l’interpeller à l’été dernier. Ils sont persuadés que Delphine Jubillar n’est pas sortie de chez elle de son plein gré cette nuit-là et que le drame aurait pu se jouer à l’intérieur de la maison après une dispute entre les deux époux. Leur relation touchait à sa fin après plus de 15 ans de vie commune et la jeune femme avait prévu de refaire sa vie avec un autre homme, rencontré sur Internet quelques mois plus tôt. Cédric Jubillar était-il au courant ? 

Cette question est centrale dans le dossier, car les enquêteurs pensent que cette séparation imminente est un mobile suffisant. Le suspect, de son côté, nie les faits qi lui sont reprochés, tout comme ses avocats, qui regrettent qu’aucune autre piste n’ait été explorée. Un autre témoin clef de ce qu’il s’est passé cette nuit-là a été entendu ce vendredi 26 novembre par les deux juges d’instruction en charge du dossier. Il s’agit de Louis, le fils aîné du couple et désormais âgé de sept ans. Le petit garçon a été interrogé à plusieurs reprises par les forces de l’ordre, mais jamais encore par les magistrats instructeurs. 

Si son témoignage est si important, c’est parce qu’il est l’une des dernières personnes à avoir vu sa mère en vie ce soir-là. A-t-il pu entendre des bruits suspects dans la nuit ? A-t-il vu une différence de comportement chez ses parents ? Se sont-ils disputés, comme ils le faisaient parfois ? A-t-il perçu des phrases qu’il n’aurait pas dû entendre ? Selon les informations de La Dépêche, le garçonnet a maintenu sa version des faits devant les juges d’instruction. Voici ce qu’il a dit de cette dernière soirée avec sa mère. 

Delphine Jubillar : une conversation « animée » avec son mari

C’est un moment difficile pour un garçon de sept ans, qui a déjà raconté à plusieurs reprises ses souvenirs de cette dernière soirée. Interrogé par La Dépêche, l’un des avocats de Louis rappelle qu’il « a été témoin des derniers moments vécus par sa mère Delphine Jubillar. Il confirme ses déclarations selon lesquelles il y a eu, à tout le moins, une discussion animée et confirme en avoir été l’auditeur ». Il a redit une nouvelle fois ce qu’il avait déjà expliqué aux gendarmes, c’est-à-dire avoir entendu la phrase « si c’est comme ça on va se séparer » alors qu’il se trouvait dans son lit. Il était aux environs de 23 heures à ce moment-là. 

Au sujet de son jeune client, Me Boguet explique au quotidien qu’il s’agit d’ « un enfant qui est vif, impressionnant de capacité sur les souvenirs qu’il peut puiser, mais il est en souffrance. Il est collaboratif mais inquiet dans sa façon de manifester ses réponses. Il s’est passé quelque chose lors de cette soirée du 15 décembre qu’il a pu, à tout le moins, entendre ». Alors que son père donne toujours le même déroulé de la soirée aux enquêteurs, le jeune Louis a une version qui diffère quelque peu. Voici les zones d’ombre sur lesquelles il est revenu devant les magistrats. 

Delphine Jubillar : « J'entendais des gros mots »

La nuit du 15 au 16 décembre, Cédric Jubillar dit être réveillé un peu avant 4 heures du matin par les pleurs de sa petite fille, alors âgée d’un an et demi. Il se lève pour voir ce qu’il se passe et remarque à ce moment-là que sa femme n’est plus dans la maison. Selon La Dépêche, devant les juges d’instruction, le jeune Louis a redit ce qu’il avait expliqué aux gendarmes après la disparition de sa mère : il a l’habitude d’être réveillé par les cris de sa petite sœur et va souvent prévenir son père ou sa mère, mais, cette nuit-là, il n’a rien entendu. 

D’après les informations du Point, qui a eu accès aux déclarations du jeune garçon face aux gendarmes, il aurait également évoqué une dispute entre ses parents ce soir du 15 décembre. Il explique, avec ses mots d’enfant : « Ils se disputaient, après j’entendais des gros mots (…) J’entendais des gros mots. Puis j’ai entendu : ‘Puisque c’est comme ça, on va se séparer’ ». Il affirme s’être ensuite endormi.

Interrogé lui aussi sur les disputes qu’il pouvait avoir avec sa femme, Cédric Jubillar a expliqué que leur séparation se passait bien, malgré le contexte. Questionné sur les menaces de mort proférées peu de temps avant sa disparition, il affirme qu’il s’agissait surtout de colère.