Harcèlement mortel : Julia Bastide, l’étudiante tuée en pleine soutenance par Jean-Loup HahnIstock
Le crime, atroce, a eu lieu sur les bancs de la fac. Le 22 juin 2005, un étudiant de l'IUT d'Orléans pénètre dans une salle de cours armé d'une carabine et abat Julia Bastide, 20 ans, qui soutenait à ce moment même son mémoire. Jean-Loup Hahn, le tireur, harcelait la jeune-femme depuis des mois. Une obsession morbide qui n'avait pourtant alerté personne, à l'époque.
Sommaire

Le 22 juin 2005, c’est la fin de l’année scolaire dans les couloirs de l’IUT d’Orléans. Il fait chaud, les étudiants bachotent pour leurs derniers examens, et Julia Bastide, une jeune étudiante en gestion de 20 ans, s’apprête à présenter sa soutenance de fin d’études.

A 15h, elle a rendez-vous en salle 109. Elle s’est préparée scrupuleusement, mais une seule chose l’angoisse. Depuis des mois, Julia est victime d’un harcèlement particulièrement inquiétant de la part d’un camarade de l’IUT. Mais le professeur qui doit l’examiner l’a rassurée : il ne laissera pas le jeune homme pénétrer dans la salle.

Pourtant, quelques minutes après le début de la soutenance de Julia, un homme pénètre dans la pièce, vêtu d’un long manteau noir et armé d’une carabine. L’étudiante paniquée tente de se cacher à la hâte derrière une table. Il lui tire dessus à bout portant. Julia Bastide est touchée au bras et dans le dos.

Meurtre de Julia Bastide : le drame qui aurait pu être évité

Le professeur, présent sur place, parvient au bout de quelques minutes glaçantes, à désarmer le tireur. Il s’enfuit, et Julia est transportée en urgence à l’hôpital. Elle succombera, quelques minutes plus tard, des suites de ses blessures.

Le suspect est interpellé, 45 minutes plus tard, assis au pied d’un arbre près d’une station de métro. Il s’appelle Jean-Loup Hahn et il est âgé de 22 ans. Lui aussi étudiait à l’IUT.

L’enquête va rapidement mettre en évidence son profil glaçant. Depuis des mois, Jean-Loup harcelait la jeune Julia, qu’il avait rencontré sur les bancs de la fac, l’inondant de messages, et la suivant partout, jusqu’à emménager à quelques mètres de son appartement pour mieux l’espionner. Cinq mois avant le drame, il avait même sorti un couteau en plein cours.

La jeune fille, de plus en plus inquiétée par ce comportement, s’en était épanchée auprès de ses proches, et même, de ses professeurs. Mais rien ne sera vraiment fait pour protéger l’étudiante.

Meurtre de Julia Bastide : « Pendant deux ans de ma vie, je n’ai pensé qu’à elle »

Pourtant, l’obsession que nourrissait le suspect à l’égard de Julia Bastide n’avait rien d’anodine. Lui-même le concèdera, lors de son procès, en 2007 :

 "Elle était lumineuse. Pendant deux ans de ma vie, je n’ai pensé qu’à elle. Cette jeune fille me donnait l’envie, le matin, de venir… Tout le temps, je la guettais, juste pour la voir, pour l’admirer de loin. En classe, je la fixais avec insistance. J’étais de plus en plus insupportable avec elle. C’était du harcèlement. – Jean-Loup Hahn

Pour les enquêteurs comme pour la famille de Julia, nul doute que son geste terrible était prémédité. Deux semaines avant le drame, Jean-Loup avait commandé son arme et ses cartouches sur internet, avant de partir s’entraîner à trier en forêt.

Devant la cour d’assises, il précisera lui-même :  

"Voyant que je n’aurais vraisemblablement pas de diplôme universitaire et que je faisais une obsession sur Julia, j’ai décidé de la tuer et de me suicider. Je suis allé sur Internet, pour acheter une carabine 22 long rifle et des munitions. Je me suis acheté des gants et une épée à la lame aiguisée qui devait participer à la mise en scène et à laquelle j’ai renoncé". – Jean-Loup Hahn

Le matin du 22 juin 2005, Jean-Loup Hahn visionne le film Elephant, de Gus Van Sant, dont le scénario est inspiré de la tuerie scolaire de Columbine aux Etats-Unis. Sa décision est prise : c’est aujourd’hui qu’il tuera Julia.  

Meurtre de Julia Bastide : le tueur s’en était pris à… Anne-Sophie Lapix

En juin 2007, deux ans après l’assassinat de Julia, Jean-Loup Hahn comparait devant les assises du Loiret.

L’occasion pour la cour de se pencher sur le profil glaçant de l’accusé. Selon les experts psychiatre, Jean-Loup Hahn est atteint de graves troubles de la personnalité. Très proche de sa mère, il n’a jamais eu beaucoup d’amis, et surtout, il a toujours fait montre d’un comportement très inquiétant avec le sexe opposé.

Julia n’était pas sa première « proie ». Au collège, il avait harcelé une camarade, la jeune Clémence, jusqu’à tenter de l’étrangler. En seconde, il tombe amoureux de Claire, et nourrit sa nouvelle obsession en la poursuivant à son tour. Il s’en prend ensuite à Cécile, qu’il finira par gifler. « C’était l’expression de ma frustration. Je savais que je ne sortirais pas avec elle », confiera l’accusé depuis son box.

Parmi les victimes de Jean-Loup Hahn, on retrouve aussi Anne-Sophie Lapix, à l’époque présentatrice sur LCI. En 2002, elle explique avoir reçu de nombreux mails menaçants de sa part, ainsi qu’une enveloppe contenant un simulacre d’anthrax. La journaliste avait porté plainte, et Jean-Loup avait été condamné à six mois de prison ferme en 2003.

Le 30 juin 2007, il est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour l’assassinat de Julia Bastide. Un an plus tard, sa peine est commuée en appel à 30 ans, assortis d’une période de sureté de 20 ans.

La sœur ainée de Julia, la journaliste Lauren Bastide, rend souvent hommage à cette dernière, et se bat aujourd'hui pour que les violences faites aux femmes soient prises au sérieux.

Lire aussi :