« Il ne restait que son squelette » : les 9 mois interminables vécus par la mère de MaëlysAFP
Jennifer Cleyet-Marrel, la maman de la petite Maëlys, disparue tragiquement le 27 août 2017 à Pont-de-Beauvoisin, se confie comme rarement à quelques jours du procès de Nordahl Lelandais, soupçonné de l'enlèvement et du meurtre de la fillette.
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Dans un livre intitulé Maëlys, la maman de la fillette disparue en août 2017 se livre et raconte en détails le long calvaire enduré par sa famille depuis l’enlèvement et le meurtre de sa fille. Cinq ans plus tard, et à l’approche du procès de Nordahl Lelandais, Jennifer Cleyet-Marrel évoque la longue attente et l’angoisse tout au long de l’enquête, mais aussi la douleur insupportable d’une mère qui a perdu son enfant dans des circonstances innommables.

Les derniers moments de Maëlys avec sa maman

Depuis le drame, cette maman de 42 ans tente de se reconstruire. Mais l'absence de sa fille, dont elle parle encore au présent, et la culpabilité, l’en empêchent encore. Dans son livre, elle se rappelle avec émotion les derniers moments passés avec sa fille, ce soir-là, lors du mariage de son cousin à Pont-de-Beauvoisin. Vers deux heures du matin, Maëlys fait une pause dans la danse pour venir goûter le dessert, sur les genoux de sa maman. Jennifer lui fait alors un dernier bisou. Sans savoir qu’il s’agissait du dernier.

« Depuis que Maëlys a disparu, je n’ai jamais oublié une seconde que j’étais en train d’attendre », confie Jennifer dans son livre.

Lorsque Nordahl Lelandais est placé en garde à vue, quelques jours après la disparition de la fillette, la famille nourrit alors l’espoir qu’il parle. Mais l’ancien militaire nie.

Il faudra attendre six mois, jusqu’au 14 février 2018, pour que l’attente, terrible, s’achève en partie. C’est ce jour-là que Nordahl Lelandais va finir par mener les enquêteurs jusqu’à l’endroit où il aurait caché le corps de Maëlys. Seulement, plus de six mois après la disparition de la fillette, ils ne trouveront que des restes humains. Pour la famille, l’annonce sonne à la fois comme un soulagement, celui d’avoir enfin retrouvé Maëlys, et comme un terrible coup du sort.

Une famille éprouvée

Dans un entretien donné au journal Le Parisien mardi 25 janvier 2022, Jennifer revient sur ce moment glaçant où elle a appris la nouvelle. « Ils nous ont annoncé avoir retrouvé Maëlys. Quand on est revenus à la maison, mon mari et moi, on a appris la nouvelle à Colleen, qui s’est enfermée dans la salle de bains pour pleurer. Puis on s’est serré dans les bras les uns les autres, et on s’est promis de rester soudés, d’être forts pour Maëlys. »

Les obsèques de la fillette sont organisées le 2 juin 2018. Neuf mois après sa disparition, « le temps d’une grossesse », Jennifer peut enfin dire au revoir à son enfant. « Je savais qu’elle était là, même si je ne pouvais pas voir son visage. On nous avait montré des photos dans le dossier, il ne restait que son squelette. J’ai enfin pu lui parler, plus de neuf mois après sa disparition », confie-t-elle dans les colonnes du Parisien. Une dernière fois, elle demande alors « pardon » à sa fille, « de ne pas avoir été là pour la protéger, de ne pas l’avoir assez surveillée ce soir-là ».

Fausses couches, divorces, la vie fracturée des parents de Maëlys après le drame

Depuis la disparition de Maëlys, la vie de Jennifer et de toute sa famille a été bouleversée. Infirmière, elle a dû quitter son poste à l’hôpital de Pontarlier. «J’avais du mal à être confrontée à la mort. Je voyais des gens partir seuls, un peu comme Maëlys, et ça faisait écho à ma douleur », explique t-elle. Elle exerce désormais en libéral.

Son couple non plus n’a pas survécu au drame. Jennifer et Joachim, le papa de Maëlys, ont fini par se séparer en 2019. « Le climat était devenu trop lourd, trop pesant. On était tellement tristes ! On ne traversait pas les phases de deuil au même moment, on était en décalage », raconte Jennifer. Après la disparition de la fillette, ils avaient pourtant essayé d’avoir un autre enfant. Mais Jennifer est victime de deux fausses couches, en 2018 et en 2019. « À chaque fois, le bébé aurait dû naître en novembre, comme Maëlys. Il y a des hasards dans la vie… Cela nous a encore plus éloignés l’un de l’autre, on avait l’impression de n’attirer que la mort autour de nous », confie la mère de famille.

A quelques jours du procès, l’espoir et l’angoisse

Le procès de Nordahl Lelandais devrait s’ouvrir lundi 31 janvier devant la cour d’assises de l’Isère, à Grenoble. Une épreuve supplémentaire pour la famille de Maëlys, mais une épreuve nécessaire pour avancer. « Il va falloir revenir quatre ans en arrière et revivre chaque moment, malheureusement. Mais je ne serai pas seule. Le papa de Maëlys, Joachim, mes parents, ma fille aînée Colleen, qui a 17 ans aujourd’hui, ma sœur et ma nièce seront là aussi », raconte la mère de famille au Parisien.

« Nous allons faire face à l’Autre ensemble, soudés et combatifs, et lui demander de dire la vérité », poursuit Jennifer. Car l’enquête n’a pas permis d’établir avec certitude de nombreux faits, notamment la cause du décès, et si la fillette aurait subi des violences sexuelles. La famille aimerait aussi connaître les derniers mots que Maëlys a prononcés.

A l’issue du procès, Jennifer espère que l’ancien militaire sera condamné « à rester le plus longtemps possible en prison », compte tenu « de tout le mal qu’il a fait et qu’il pourrait encore faire ».

En attendant, la maman ne cesse de penser à sa fille. « Je lui parle tous les jours. Je lui dis que j’espère qu’elle est bien là-haut, qu’elle me manque. Elle me manquera toujours », confie-t-elle finalement au journal.