« Il voulait tuer » : le terrible meurtre d’Emma, 14 ans, à Clessé
Il y a tout juste une semaine, une riveraine de Clessé (Saône-et-Loire) découvrait le corps sans vie d'Emma, 14 ans, sur le chemin derrière l'école. Son petit-ami, âgé lui de 13 ans, n'a pas tardé à avouer le meurtre : il voulait, tout simplement « tuer ». Dans le village, le choc est immense, et la peine, infinie. Mais que s'est-il vraiment passé ?
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Il est 6h30, le jeudi 9 juin, lorsqu’une habitante de Clessé, un village de 900 âmes dans le maçonnais, découvre avec stupeur le corps dans vie d’une jeune adolescente, gisant sur un petit chemin derrière l’école de la commune. La victime a vraisemblablement été suppliciée : « C'était une scène macabre, une scène de crime, comme on voit dans les films. Ce sont des images très violentes. », confie le boulanger de Clessé, le deuxième à arriver sur les lieux ce matin-là, à France 3.

La jeune fille a un couteau planté dans le cou, et son corps révèle plusieurs traces de violences. On parle d’une dizaine de coups de couteau.

Très vite, le parquet de Chalon-sur-Saône ouvre une enquête et une trentaine de gendarmes sont mobilisés.

La victime s’appelle Emma, elle a 14 ans et habite depuis toujours dans le village. Elle était scolarisée en classe de 4e au collège de Lugny, une ville voisine. L’adolescente était vraisemblablement adorée de tous à Clessé. Qui, alors, a bien pu la tuer aussi sauvagement ?

Un profil inquiétant

Dans la commune, l’émotion est à son comble. Les camarades d’Emma, sous le choc, ont même manqué l’école au lendemain du drame. Trop difficile, pour ces jeunes adolescents, de retourner au collège sans leur amie.

De leur côté, les gendarmes ne tardent pas à s’intéresser à Joris, le petit-ami d’Emma. Agé de 13 ans, il était scolarisé dans la même classe que la jeune victime. « C’était la première amourette d’Emma », a confié l’avocat de sa famille à France 3, avant de poursuivre : « De ce qu'ils savaient, c'était un petit flirt qui avait commencé à la rentrée scolaire de septembre. Il y avait eu rupture à l'approche des fêtes de fin d'année, puis une reprise de leur relation. Emma avait confié que le mis en cause avait eu, quelques fois, un comportement dur avec elle, mais sans plus de développement.

Pourtant, en étudiant le profil du jeune-homme, les enquêteurs découvrent qu’il manifestait des comportements pour le moins inquiétants.

Meurtre d’Emma à Clessé : « Il voulait tuer »

L’adolescent aurait eu, à plusieurs reprises, des discours morbides auprès de ses camarades. « Ses amis expliquent qu’il avait eu des paroles inquiétantes par le passé, évoquant le fait de tuer quelqu’un et notamment sa petite copine. Ils avaient pris ça pour de l’humour noir et ne l’avait pas pris au sérieux, tout en étant inquiets », explique Eric Jallet, le procureur de la République de Mâcon.

Surtout, tous les soirs, depuis quelques temps, Emma et Joris avaient pris l’habitude de se retrouver, tard dans la nuit, derrière l’école où le corps de l’ado a été retrouvée.

Quelques heures après la terrible découverte, le garçon est placé en garde à vue. Il ne tarde pas à passer à table.

« Il avait placé ce couteau dans sa manche et après avoir discuté quelques instants avec elle, il lui a porté trois coups de couteau dans la gorge. Elle a tenté de fuir. Il l’a rattrapée, a tenté de l’étrangler puis a porté de nouveaux coups de couteau », a rapporté le procureur lors d’une conférence de presse.

Quant au mobile de son geste terrible, Eric Jallet avance une explication troublante : « Il pensait vouloir tuer sans donner plus d’explication. Il pensait que son acte pouvait être facilité par le fait que la victime l’aimait. Il disait s’être entraîné au maniement du couteau. Il décrivait les coups portés avec précision ».

Au terme de sa garde à vue, Joris a été mis en examen pour « homicide volontaire avec préméditation ou guet-apens (assassinat) » et incarcéré dans un établissement pour mineurs. Il encourt jusqu’à 20 ans de prison.

Meurtre d’Emma à Clessé : la douleur des parents, « totalement anéantis »

En attendant, dans la commune, la douleur est vive.

Devant le collège d’Emma, on a déposé des fleurs, et les amies de l’adolescente se sont confiées à France 3 : « C'était une fille vraiment gentille avec qui on rigolait souvent. On l'aimait beaucoup. Elle était toujours souriante quand elle venait au collège. Quand on a appris la nouvelle ce matin, on a pleuré, et en même temps on a eu peur ».

Les parents, eux, s ont « totalement anéantis » selon leur avocat, Me Patrick Uzan. « Leur seule attente est de pouvoir récupérer leur enfant, de la veiller et de la mettre en terre. Les analyses devraient être terminées d'ici vendredi », poursuit ce dernier sur France 3.

De son côté, la principale du collège d’Emma et Joris a assuré, lors d’une conférence de presse, que le jeune garçon faisait l’objet d’un suivi « très sérieux » de la communauté éducative, et qu’il avait présenté des comportements suspects dans la cour de récréation. « Si ces informations sont avérées, la famille s'interroge sur l'attitude de l'encadrement scolaire », a ajouté Me Uzan.

L’instruction se poursuit.

Lundi 13 juin, une marche blanche en l’honneur de la jeune victime a réuni plus de 1000 personnes à Clessé.