Il y a 4 ans, le terrible « massacre de la Saint-Valentin » aux Etats-Unisgetty
Il y a 4 ans, le lycée de Parkland, en Floride, a connu la pire Saint-Valentin de son histoire. Ce jour-là, Nikolas Jacob Cruz, un ancien élève, va provoquer un véritable carnage dans l'établissement, endeuillant tout le pays le « jour de l'amour ».
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Le 14 février 2018, vers 14h40, dans ce lycée floridien, plusieurs profs et quelques élèves croient entendre, au loin, des coups de feu. Soudain, l’alarme incendie retentit. Beaucoup pensent alors qu’il s’agit d’un exercice ; le matin même, ils y avaient eu droit.

Mais pendant ce temps, Nikolas Cruz, 19 ans, avance, armé jusqu’aux dents, dans les couloirs du lycée. Il porte un masque à gaz, et transporte avec lui un arsenal de guerre : grenades fumigènes, fusil d’assaut AR-15 calibre .223, et de nombreux chargeurs sur lesquels sont gravées des croix gammées. C’est un ancien élève du lycée.

En l’espace de 6 minutes, il va tirer sur tout ce qu’il bouge, dans les couloirs, mais aussi en tirant à travers les fenêtres de plusieurs classes. 

Un bilan terrible

Dans le même temps, le « code rouge » est déclenché. Aux Etats-Unis, où les fusillades de masse, notamment dans les établissements scolaires, sont une réalité, ce « code rouge » implique le confinement strict des élèves et du personnel, dans l’attente des forces de l’ordre. C'est la panique générale dans les couloirs et les salles de classes. Les élèves, sous les consignes de leurs professeurs, se tapissent sous les tables, dans les placards, et tentent de barricader les portes. 

17 personnes ont été tuées, dont 14 élèves et 3 professeurs. 17 sont gravement blessées. Elles sont âgées de 14 à 49 ans.

C’est la fusillade scolaire la plus meurtrière de l’histoire des Etats-Unis, devant même la tuerie de Columbine en 1999 (15 morts).

Parmi les victimes, un jeune réserviste de l’armée de 15 ans est mort en aidant ses camarades à s’enfuir. Le coach de l’équipe de football du lycée, lui, a péri en voulant protéger ses élèves des tirs.

Un profil inquiétant

Après 6 minutes de carnage, Nikolas Cruz s’échappe, profitant de la panique générale pour « se fondre » dans la masse. Là, il va se rendre tranquillement dans un Subway où il commande un soda, avant d'aller s'assoir dans un McDonald’s non loin. Finalement, il sera arrêté vers 15h40, une heure après avoir ouvert le feu.

Les forces de l’ordre l’ont rapidement confondu en visionnant les images des caméras de vidéo-surveillance de l’école. Aux policiers qui l’arrêtent, le suspect demande « Pourquoi vous ne me tuez pas ? Je veux mourir ».

Nikolas Jacob Cruz, né en 1998 et donc âgé de 19 ans au moment des faits, était un ancien élève du lycée Parkland, dont il avait été exclu l’année précédente pour « raisons disciplinaires ».

Il aurait notamment, à l’époque, proféré des menaces à l’encontre de plusieurs élèves, en plus de s’être battu avec le nouveau copain de son ex petite-amie.

Sur les réseaux sociaux, l’adolescent, mal dans sa peau et endeuillé par le décès récent de sa mère, partageait idées racistes, homophobes et antisémites sur un ton particulièrement inquiétant. Il était également obsédé par la violence et les armes. L’enquête va révéler qu’il avait d’ailleurs acheté son fusil en tout légalité, quelques jours avant le drame.

"Quand vous me verrez dans la presse, vous saurez tous qui je suis »

Sur une vidéo, publiée sur internet peu avant la tuerie, on l’entend ainsi affirmer : « Vous allez tous mourir. Pan, pan, pan. J’ai hâte ».

Nikolas Cruz voulait, selon ses dires, entrer dans l’histoire des tueries en achevant plus de 20 personnes.

Mais il semblait également perdu et dépressif, très affecté par la mort de sa mère, emportée par une pneumonie, et qui l’a rendu orphelin. « Je ne suis rien (…) Ma vie est néant et n’a aucun sens », racontait l’adolescent en ligne.

La difficile reconstruction des survivants

Pour les élèves et les profs du lycée qui ont survécu à la tuerie, le traumatisme reste présent, quatre ans après le drame.

Ainsi, certains ne peuvent plus fêter la Saint-Valentin comme tout un chacun. Pour eux, ce jour est marqué au fer rouge.

C’est le cas de Lewis Mizen, un jeune âgé de 17 ans à l’époque.

Cette année-là, il célébrait sa première Saint-Valentin avec une petite-amie. La journée commence alors de la façon « la plus normale qu’il soit », pour l’adolescent et ses camarades. Mais l’atmosphère légère et joyeuse de la fête des amoureux va bientôt laisser place à l’horreur pure.

De lourdes séquelles dans l'établissement

En milieu d’après-midi, Lewis entend l’alarme résonner dans l’enceinte du lycée. Au début, il croit à un exercice. « Et puis, on a compris. Mais j’ai mis du temps à me rendre compte vraiment ce que qu’il se passait », confiait Lewis au journal The Sun. Lewis et ses camarades, ainsi que leur professeur, se cachent alors dans un placard. Pendant deux heures, ils vont rester entassés dans le minuscule local, terrorisés. « Je ne me suis même pas rendu compte que deux heures s’étaient écoulées », raconte le jeune homme.  

« Au bout de ces deux heures, j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai ouvert la porte du placard. Il y a avait un policier de l’autre côté. Mais la première chose que j’ai vu, c’est son arme, et j’ai eu très peur », poursuit Lewis. Dans l’établissement, le drame va laisser de lourdes séquelles. Depuis les faits, selon Lewis, de nombreux professeurs et presque tous les élèves ont changé d’école.

Bientôt un procès

Mais la tuerie de Parkland va aussi provoquer une onde de choc dans tout le pays. Aux Etats-Unis, chaque nouvelle tuerie de masse en milieu scolaire relance le débat sur le port et la prolifération d’armes à feu.  Un peu plus d’un mois après le drame, 1,5 million de personnes se rassemble sur tout le territoire, à l’occasion d’une « Marche pour nos vies », afin de pousser les autorités à faire évoluer la loi. Mais en pleine administration Trump, il n’en sera rien.

Depuis quatre ans, malheureusement, d’autres tueries en milieu scolaire ont eu lieu aux Etats-Unis.

Il risque la peine de mort

Nikolas Cruz sera jugé en avril 2022 pour 17 meurtres avec préméditation et autant de tentatives de meurtre. En novembre dernier, il a plaidé coupable lors d’une audience préliminaire et s’est excusé en ces termes : « je suis vraiment désolé de ce que j’ai fait, j’en porte le poids chaque jour ».

Il encourt la peine de mort. Plusieurs familles de victimes réclament d’ailleurs son exécution.

Ses avocats veulent faire témoigner pas moins de 14 experts psychologues et psychiatres sur la santé mentale du suspect. Pour eux, Nikolas pourrait souffrir d’un syndrome psychique lié à une alcoolisation fœtale, ou à un stress extrême.