Insensibles, cruels et sadiques ? Les secrets des derniers bourreaux de France Istock
Le Robert définit le bourreau comme « Celui qui exécute les peines corporelles ordonnées par une cour de justice, et spécialement la peine de mort. » En France, où la peine capitale était en vigueur jusqu'en 1981, plusieurs bourreaux se sont succédés à l'échafaud. Leurs histoires, trop souvent oubliées, en disent pourtant long sur fonctionnement de la justice française jusqu'alors. Qui étaient vraiment ses professionnels pas comme les autres ? Étaient-ils vraiment insensibles, cruels, voire sadiques ? Nous avons discuté avec Sylvain Larue, un historien « autodidacte » qui s‘est pris de passion pour l'étude de ces personnages.
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Le métier de bourreau n’est pas né avec le monde. Jusqu’au Moyen-âge, on désigne rarement quelqu’un d’ « officiel » pour appliquer la fameuse loi du talion. Les exécutions reviennent alors souvent à celui qui s’est senti le plus offensé. C'est au cours de XIIIème siècle que les premiers bourreaux professionnels entrent en jeu.

Ils officient alors sous le statut d’officier judiciaire, et sont chargés d’exécuter diverses peines ordonnées par la justice criminelle : sévices corporels, tortures, mise à mort par noyade, bûcher, enfouissement, écartèlement, décapitation, pendaison…

L’opprobre du bourreau

Les bourreaux sont presque exclusivement des hommes : quelques bourrelles ont bien traversé l’histoire ça et là, mais uniquement de façon ponctuelle, et pour exécuter des peines qui concernaient, elles aussi, des femmes.

Toujours est-il que ces personnages inspiraient véritablement la crainte et le mépris de leurs contemporains, au point que la plupart des bourreaux et leurs familles vivaient à l’écart de la société, et se reproduisaient uniquement entre « dynasties de bourreaux ».

Ils sont même affublés d’un uniforme particulier : ils doivent porter en tout temps un habit rayé, motif réservé aux catégories de populations dites « infâmes », ainsi qu'un insigne. Et contrairement à l’image souvent donnée d’eux dans la culture populaire, leur visage était bien à découvert, ce qui rendait l’anonymat de la tâche impossible.

C’est véritablement sous la Révolution que le rôle du bourreau va changer, et s’institutionnaliser, avec notamment la généralisation à tout le territoire français de l’exécution par guillotine. Pendant près de deux siècles, les exécuteurs vont se succéder derrière la machine, assistant aux dernières secondes des condamnés à mort. Mais la plupart des citoyens ignorent tout de leur métier, de leur quotidien, et leurs personnalités parfois intrigantes.

Sylvain Larue, autodidacte passionné par l’histoire de la peine de mort, a étudié de près ses personnages particuliers qui ont jalonné les siècles. Il a publié Desfourneaux, bourreau aux éditions DeBorée, une biographie du bourreau « honni » de la Seconde Guerre mondiale.

Nous lui avons posé toutes nos questions sur le sujet.

Pourquoi vous êtes-vous intéressés aux bourreaux ?

Sylvain Larue : C’est assez personnel : je suis autiste Asperger, et ça c’est une des caractéristiques de ce syndrome : les intérêts restreints. Ce sont des sujets de culture ou connaissance qui ont tendance à retenir toute l’attention de la personne, et on se spécialise dans ça. Moi, je suis me suis intéressé à la peine de mort.C’est un sujet qui me fascinait dès l’âge de 6 ans, et j’ai faire des recherches à partir de 14 ans là-dessus. Evidemment, ça m’a conduit à m’intéresser à la justice, à l’histoire criminelle, aux bourreaux, aux condamnations...

C’est un sujet qui a tendance à intéresser beaucoup de gens, mais qui reste méconnu et rempli d’approximations, de légendes et de mensonges, à cause du côté tabou de la situation.

La plupart des gens qui se sont exprimés là-dessus par le passé étaient contre la peine capitale, et ils ont brodé, enlaidi une situation déjà très laide à la base, ce qui n’a fait que compliquer davantage la tâche des historiens sur toute ces périodes.

Combien y avait-il de bourreaux, en France, selon les périodes ?

Sylvain Larue : C’est allé decrescendo. Sous l’Ancien régime, chaque ville importante pouvait disposer de son propre exécuteur. Avec la Révolution française, on s’est contenté de réduire le nombre d’exécuteurs à 1 par département, et au cours du 19e siècle on est allé vers une baisse du nombre de bourreau, à cause notamment de la suppression des basses œuvres (tortures, marques au fer rouge, questionnements). Il y avait du travail en moins, donc moins besoin de personnel.

Ensuite, dès 1831, avec le jeu des circonstances atténuantes, la peine capitale a été de moins en moins prononcée, et là aussi le nombre de bourreaux a été réduit. Il n’y en avait plus qu’un par cour d’appel, soit deux ou trois par département.

En 1870, on a titularisé une équipe nationale de 6 personnes : il y avait l’exécuteur en chef, en charge du geste de donner la mort et de gérer la paperasse administrative, ainsi que deux premiers adjoints, et trois seconds adjoints. Le Maghreb avait sa propre équipe également. Dans les autres territoires, on ne gardait pas un bourreau à temps plein en raison de la faible fréquence des exécutions.

Cette façon de faire a substitué jusqu’en 1981, avec une équipe plus réduite : un seul exécuteur en chef, 2 premiers adjoints et un exécuteur auxiliaire

La journée type d'un bourreau

Quel était leur statut ?

Sylvain Larue : Concernant leur statut, ils n’étaient pas fonctionnaires, car sinon, ils auraient dû passer un concours de l’administration publique, et on imagine mal quelles questions ont aurait pu leur poser, et à quelles épreuves pratiques on aurait pu les soumettre.

Les bourreaux ont donc un statut de contractuel, ils sont payés par gages. Chaque mois, l’exécuteur en chef récupérait une somme auprès du ministère de la Justice et il partageait avec son équipe. C’était un forfait de cinq ans. L’Etat versait également une somme annuellement au bourreau pour s’occuper de l’achat de matériel, de l’entretien de la machine…

En quoi consistaient vraiment leur métier ?

Sylvain Larue : Dès qu’une peine capitale était prononcée, l’exécuteur en chef allait chercher ses ordres dans la ville où le condamné habitait, auprès du procureur local. Une fois cela fait, et alors que la machine avait été transportée, par train puis par camion jusqu’à la prison locale, pendant la nuit, les aides assemblaient la guillotine dans la cour de la prison. Au petit matin, on allait chercher le condamné dans sa cellule, et on le confiait aux exécuteurs, après l’avoir légalement libéré.On lui faisait signer le registre des prisons : il ne pouvait être exécuté qu’une fois sa libération acquise, et le bourreau signait également la « remise » du prisonnier « libre » entre ses mains.

Les aides se chargeaient ensuite de la « toilette » : ils rasent le condamné, lui découpent le col de sa blouse, lui attachent les poignets et les chevilles. Les aides portaient plus ou moins condamné jusqu’à la machine, et quand il était couché, de deux gestes, l’exécuteur faisait libérer la lunette, un carcan, autour du coup, le couperet tombait.

Tout ceci allait très rapidement. Entre le moment où le bourreau saisissait le condamné et l’exécution, il y avait en gros 10 secondes. Il fallait que l’exécution soit rapide pour que le condamné vive les secondes les moins longues possibles.

Ensuite, l’exécuteur faisait charger le panier en osier dans lequel gisait le condamné dans un fourgon, direction le cimetière local, où l’on avait creusé au préalable une tombe de fortune. Le bourreau supervisait l’inhumation du corps, pendant que les adjoints nettoyaient la guillotine à grande eau et la rechargeaient dans le fourgon.

Quelle était la fréquence des exécutions au cours des dernières années « actives » de la guillotine ?

Sylvain Larue : C’est devenu assez « rare » dans les 30 dernières années. Après la Deuxième Guerre mondiale, on assiste à une recrudescence des condamnations à mort, la France avait décidé que la justice ne devait pas laisser passer les crimes de sang. En 1948, par exemple, 43 exécutions capitales ont été réalisées. A partir de 1952, le chiffre baisse. On assiste en moyenne à 2 exécutions par an. Dans les années 70, il n’y en a eu que 6, en 10 ans.

Avec la grâce présidentielle, dans les dernières années, un condamné avait 1 chance sur 10 d’être véritablement exécuté.

Une guillotine dans le garage

Comment étaient payés les bourreaux ?

Sylvain Larue : La plupart des bourreaux avaient un travail à côté, car le métier en lui-même n’étaient pas si bien payé que ça. Il n’y avait pas de « prime de panier », de « prime de tête » contrairement à la légende, ces mythes ont été inventés pour rendre la peine de mort encore plus horrible. En revanche, ils touchaient une somme fixe tous les mois, donc ça pouvait sembler la belle affaire quand il n’y avait pas d’exécution.

Le dernier bourreau, Marcel Chevalier, touchait mensuellement l’équivalent d’un salaire de balayeur pour ses services de bourreau, en complément de sa profession d’imprimeur, alors qu’il n’a réaliser que deux exécutions en 5 ans.

Les aides, eux, étaient souvent des petits ouvriers, des déménageurs, des mécaniciens, des tourneurs fraiseurs… Ils avaient seulement à séjourner en raison parisienne pour être mobilisables. Le chef les prévenait d’un déplacement, et ils s’arrangeaient pour pouvoir se déplacer. De leur témoignage, après la Deuxième Guerre mondiale, la situation était difficile car le nombre d’exécution était accru, mais leurs revenus, eux, restaient fixes.ls étaient donc pénalisés financièrement car ils loupaient leur travail et l’argent qu’ils gagnaient avec les exécutions n’équivalait pas.

Jusqu’à la fin les exécuteurs en chef ont dû demander des augmentations pour leur personnel.

Avaient-ils la responsabilité de la machine ?

Sylvain Larue : L’exécuteur en chef se chargeait de l’entrepôt de la guillotine mais ne le conservait pas chez lui, en général elle était dans un local pris en charge par l’Etat.

Mais je sais qu’en Algérie, jusqu’en 1940, le bourreau d’Alger gardait la guillotine dans son garage.

En France, il y avait deux guillotines, qui furent un temps entreposées à côté de l’ancienne prison de la Roquette, puis à la prison parisienne de la Santé, et enfin à Fresnes. Il y avait aussi tout l’outillage, qui servait à monter la machine : graisse, boulons, visseries… ça s’assemblait un peu à la manière d’un meuble IKEA.

Tous les mois, en moyenne, les exécuteurs allaient voir la machine, s’assurer de son parfait état, de son fonctionnement.

Aujourd’hui, on estime que 12 ou 13 guillotines sont en circulation dans le monde.Les deux dernières françaises sont en possession du Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée, à Marseille.

Les pires techniques d'éxecution

Guillotine, fusillade… Quelles sont les techniques d’exécution des bourreaux à travers l’histoire ?

Sylvain Larue : En France, on a utilisé la guillotine de 1792 à 1981.En outre-mer, on décapitait parfois à la hache, avant que la guillotine ne soit disponible là où elle était prévue, et on a utilisé la pendaison dans les Antilles contre les esclaves.

Jusqu’en 1963, dans la justice militaire, les exécutions se font par fusillade.

Sous l’Ancien régime, il y avait des méthodes par crime et par classe. En fait, les seuls qui étaient décapités l’étaient à l’épée, au Damas, et c’étaient les nobles criminels qui en avaient droit, on considérait la méthode plus efficace, rapide, et indolore.

Pour les gens « du peuple », plusieurs méthodes existaient selon le crime : un voleur ou un criminel de sang était pendu (à la française, à la différence de la pendaison anglosaxonne avec une trappe, en France, c’était un tonnelet ou une chaise qu’on plaçait sous les pieds avant de la retirer, et le condamné s’étranglait lentement au bout de la corde.

Pour les crimes de sang plus graves, on utilisait la roue, de la Renaissance jusqu’aux premières années de la Révolution française : le condamné était placé sur une croix de Saint-André, on lui cassait les os des bras, des jambes, de la colonne à coup de gourdin, face vers le ciel, et ça pouvait durer un, deux, ou même trois jours.

Pour les crimes à caractère sexuel ou religieux, c’était le bûcher. Il y a eu une recrudescence des bûchers de la Renaissance jusqu’au début 18ème siècle : on brulait très fréquemment les hérétiques.

Le supplice le plus rare, le plus terrible, c’était l’écartèlement, uniquement dans le cas de crime commis sur la personne du Roi. Il y a bien sûr l’image d’Epinal, d’un condamné entre 4 chevaux, mais ça n’était qu’une partie du supplice. Il y avait en réalité y’a toute une série de supplices préalables… qui pouvait durer jusqu’à 9 heures.

C’est en connaissant ces horreurs que la révolution a décidé d’unifier les méthodes, avec l’utilisation d’une machine, la même pour tous : la guillotine

La malédiction des bourreaux

Ces personnages ont été oubliés de l’histoire… Pourquoi selon vous ?

Sylvain Larue : Depuis l’Ancien régime, il a toujours été dit, surtout par la religion, notamment, qu’il fallait frémir en présence de celui qui donnait la mort légalement.

Jusqu’à récemment, les Français étaient pourtant majoritairement pour la peine de mort : ils applaudissaient au moment du procès lorsque le procureur réclamait la mort, que le juge la prononçait… Mais au moment où l’exécution avait lieu, ils disaient « le ciel fasse qu’on ne revoie plus ce bourreau chez nous ». Il y a un côté paradoxal.

Mais tout ce qui a trait à la mort a toujours eu un coté tabou dans nos sociétés, ça gène, on n’en parle pas, donc ça laisse court à toutes les imaginations possibles… On transforme la réalité, on interprète les photos d’époque par exemple, pour les rendre encore plus ignobles qu’elles le sont.

Y’a une photo qui a circulé assez souvent d’un guillotiné sur une table d’autopsie, et on voit que le condamné à la tête coupée au niveau cou mais aussi du front. Un journal qui l’avait publié avait dit que le couperet était tombé deux fois : au sommet de la tête puis sur le cou.

Mais non, c’était juste que quand on faisait l’autopsie du corps d’un condamné, on ouvrait parfois la boite crânienne. Mais le spectateur non averti peut croire que c’est une double chute du couperet.

Il y a eu des dynasties de bourreau : la plupart exerçaient le métier de père en fils… Comment l’expliquer ?

Sylvain Larue : Pour désigner un bourreau, déjà au 13e siècle, soit on pouvait laisser le hasard faire, on désignait le dernier arrivé dans la ville par exemple, ou bien ça pouvait être un délinquant ou criminel à qui on proposai cette besogne contre une remise de peine. Quoi qu’il en soit, à partir du moment où on avait accepté de faire ce métier, on était ostracisé définitivement, et la famille aussi.

Donc fatalement leurs enfants, petits-enfants, dans le même coin, avaient toutes les chances de devoir poursuivre cette mission-là. Les familles continuaient donc à vivre sous forme d’une caste, tout le monde était lié par le sang. Les fils de bourreau ne pouvaient pas espérer mieux que d’épouser une fille de bourreau, toutes les familles étaient liées à un certain niveau, c’était la tradition.

Ce schéma a été poursuivi jusqu’à l’abolition puisque que le bourreau en chef de 1981, Maurice Chevalier, a fait participer son fils aux dernières exécutions. Il y a tout lieu de croire que si la peine capitale n’avait pas été abolie, ce dernier aurait fini par prendre la place de son père.

Les bourreaux, « des gens simples » ?

Parmi les bourreaux de France, quels sont les profils qui vous ont le plus marqué en les étudiant ?

Sylvain Larue : Ils sont tous fascinants, car c’est quand même un métier hors de l’ordinaire.

Mais il y en a deux qui m’ont particulièrement marqué. Charmant Messonier, le dernier exécuteur adjoint d’Algérie, parce que j’ai eu l’occasion de le rencontrer plusieurs fois, avant qu’il ne décède en 2008. Il m’a appris beaucoup. Il n’était pas avare de détails, et c’est grâce à lui que j’ai vu pour la première fois une authentique guillotine.

L’autre personnage, c’est Jules-Henri Desfourneaux. J’ai même décidé de lui consacrer un ouvrage (Desfourneaux, bourreau, aux éditions DeBorée). Pour une bonne raison : il était le seul des bourreaux importants du 19e 20e à ne pas avoir eu droit à son livre, les autres étaient tous l’objet de biographies très riches. Il a pourtant plusieurs particularités : c’est le dernier bourreau à avoir exécuté en place publique, dans la rue, en 1939 et donc le premier à avoir exécuté dans une prison un peu plus tard.

C’est aussi lui le bourreau sous l’Occupation, et on lui a confié près d’une vingtaine d’exécution de résistants ; qu’il a réalisées sans broncher. Ça n’était pas un homme fait pour prendre des décisions, il était craintif, sans cran. Il n’a pas eu le courage de démissionner, et a participé à ses exécutions, sans être inquiété par la suite, car légitimement, il a été considéré qu’il avait fait ce qu’on lui avait demandé.

Outre les condamnés, c’est le dernier qui a exécuté des femmes : il en a guillotiné 7. C’était un personnage intriguant, avec une vie assez mystérieuse, complexe, émaillée par les tragédies familiales …

Quelles sont les traits de personnalité les plus souvent rencontrés chez ses personnages ?

Sylvain Larue : C’est difficile à dire, mais ils ont tous ce côté assez robuste, ce sont généralement des hommes assez forts, pas très grands non plus, entre 1m65/75.

Ils savaient garder le silence, et conserver une certaine discrétion, mais ils avaient aussi la capacité de savoir mettre des barrières dans les différentes parties de leur existence. On ne parlait pas du métier en famille, par exemple.

On se pose souvent la question : comment on peut arriver à faire un métier aussi horrible ? Et on s’imagine volontiers les bourreaux comme étant des monstres cruels, sur le visage desquels on lit la méchanceté, ce genre de choses…, André Obrecht, l’avant dernier exécuteur en chef lui-même avait dit pendant, au cours d’une interview « c’était toutes des exécutions horribles ».

Mais il fallait quelqu’un pour faire ce boulot. On leur confiait une tâche, légitime à l’époque où de nombreuses démocraties pratiquaient la peine de mort. Ils faisaient acte de loi.

Est-ce qu’ils trouvaient leur métier difficile ?

Sylvain Larue : On ne le sait pas vraiment car ils ne se confiaient pas. C’était finalement des gens simples qui menaient une vie banale au quotidien, avec de temps en temps, certains matins, des circonstances hors du commun.

Mais ils ne faisaient pas part de leurs états d’âme à leur famille. A tel point que beaucoup ignoraient ce qu’ils faisaient. J’ai réussi, au cours de mes recherches, à retrouver les descendants d’un bourreau, et je n’ai pu contacter à l’époque que le petit-fils. Je lui ai alors appris sans le vouloir que son grand-père fût exécuteur, évidemment, sa mère était mécontente qu’il l’apprenne comme ça, mais cet homme, qui avait une quarantaine d’années, n’était pas scandalisé, bien que surpris.

Les bourreaux vivaient, essayaient de faire la part des choses. Une fois le travail accompli, ils pouvaient oublier jusqu’au nom, au lieu où ça s’était passé : cela faisait partie de leur mémoire occultée.

Desfourneaux, bourreau et Grandes affaires criminelles de France, Sylvain Larue, éditions DeBorée