
- Les zones d’ombres
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Anthony Lambert, 17 ans, a grandit de foyer en foyer. Le jeune homme a été placé très tôt à l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE). A Lugny, il était, en décembre 2021, hébergé par une association dans un modeste camping. Anthony n’allait plus à l’école. Mais l’adolescent gardait toujours le sourire. Depuis ses 4 ans, il passe ses week-ends et les vacances scolaires dans une famille d’accueil, dont il était devenu, au fil des années, très proche. Cette année, il a même passé les fêtes de Noël avec eux. Mais quelques jours plus tard alors qu’il est de retour dans son foyer camping, Anthony se volatilise. Le 31 décembre, il serait parti avec un sac de vêtements, sans que l’on sache où, ni pourquoi. Ses proches, inquiets, alertent les autorités.
Les zones d’ombres
Au départ, les enquêteurs sont persuadés que le jeune adolescent a fugué. Mais un avis de recherche est tout de même diffusé le 4 janvier, et on déploie des patrouilles cynophiles, un drone et un hélicoptère dans la région pour tenter de le localiser. En vain.
Le 9 janvier, au matin, un groupe de chasseurs découvre le corps sans vie du garçon dans un champ, à quelques kilomètres de Lugny. Anthony est complètement dénudé.
Selon l’autopsie, il serait décédé d’hypothermie et de déshydratation. Mais pour ses proches, la thèse de la fugue et d’une mort accidentelle ne colle pas vraiment. Surtout, pourquoi Anthony s’est-il retrouvé complètement nu ?
Depuis la découverte du corps, ses proches n’ont pourtant pas eu de nouvelles de la justice, et n’ont qu’une crainte : que l’enquête soit classée sans suite. Pour leur venir en aide, quelques locaux qui s’étaient pris de sympathie pour Anthony ont monté une association, « La Vérité pour Anthony ». Nous avons discuté avec Anne-Marie Laveder, sa présidente. Aujourd’hui, elle a fait de cette affaire son combat.
Vous n’avez pas de lien direct avec Anthony… Pourquoi cette affaire vous touche-t-elle au point de vous mobilisiez ?
Anne-Marie Laveder : J’ai pris connaissance de l’affaire dans la presse écrite régionale, quand on a diffusé l’avis de disparition de ce jeune homme. Ce qui m’a touché, c’est que moi-même j’ai été famille d’accueil pendant 30 ans, j’ai connu beaucoup de jeunes comme lui. Alors, quand j’ai vu qu’il était pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance (ASE) depuis son plus jeune âge et qu’il vivait, en plus, dans un camping en réhabilitation qui n’était pas du tout en état d’accueillir ce type de personnes… C’est un camping où il n’y a même pas de sanitaires ! Et puis, cette découverte dans un champ, dénudé. Comment il s’est retrouvé là ? Et pourquoi ?
J’ai été vraiment interrogée professionnellement. Je me suis dit qu’il y avait quelque chose qui clochait.
Anne-Marie Laveder : Je ne connaissais pas Anthony personnellement, mais je suis en lien professionnel avec la famille d’accueil qui l’hébergeait pendant les week-ends et les vacances. Ils sont broyés de douleur par sa disparition. Et j’ai voulu les aider, donc nous avons monté cette association, pour aider à la famille d’accueil et à la famille biologique également dans leur quête de vérité...