Le parcours sordide de Martin Ney, le tueur des colonies de vacancesIstock
Surnommé « l'homme en noir », Martin Ney est soupçonné de nombreux meurtres et viols d'enfants en Allemagne. Mais il est également mis en cause dans l'enlèvement et le meurtre du petit Jonathan Couloum, 11 ans, assassiné lors d'une colonie de vacances en Loire-Atlantique. Le prédateur, qui aurait abusé de plus de 40 enfants, serait l'un des pires tueurs d'enfants de l'histoire. Récit de son parcours glaçant.
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En France, peu de gens connaissent le nom de Martin Ney. Pourtant, de l’autre côté du Rhin, la simple évocation de cet homme provoque des sueurs froides. En Allemagne, celui que la presse surnomme « l’homme en noir » est aussi tristement célèbre que Michel Fourniret dans l’Hexagone. Pour cause : son parcours glaçant n’a rien à envier au palmarès de l’Ogre des Ardennes.

Martin Ney, ancien éducateur pour enfants, est soupçonné d’une quarantaine d’abus et de plusieurs meurtres de jeunes garçons. Il chasse ses proies dans les camps et les colonies de vacances… jusqu’en France.

Le 7 avril 2004, dans le centre de vacances de Saint-Brévin-les-Pins, en Loire Atlantique, on s’inquiète. Jonathan Coulom, 11 ans, manque à l’appel. Très vite, une enquête est ouverte, et on ratisse la région pour retrouver le petit garçon. Mais rien.

Ce n’est que le 19 mai que son cadavre sera découvert, dans un étang proche de Guérande, à une vingtaine de kilomètres du camp de vacances. Il est ligoté et son corps a été lesté d’un parpaing. L’autopsie ne révélera aucune trace de violences. Le garçon serait mort par « suffocation ».

Problème : les enquêteurs n’ont que très peu d’éléments pour se mettre à la recherche d’un suspect. Ils identifient seulement une trace ADN sur le lit de Jonathan. Pendant des années, les comparaisons s’enchaînent et s’avèrent infructueuses.  

Martin Ney : les premiers abus en série

Quelques témoins affirment, de leur côté, avoir aperçu, le soir de l’enlèvement, une voiture immatriculée en Allemagne circuler dans les environs du centre.

Les enquêteurs, intrigués, ne vont pas tarder à faire le rapprochement avec un certain Martin Ney, un homme déjà soupçonné d’une dizaine d’agressions outre-Rhin. Car le meurtre du petit Jonathan présente d’étranges similitudes avec le parcours criminel du prédateur.

En 1992, Martin Ney, alors âgé de 22 ans, commet une première série d’abus dans le nord de l’Allemagne. Masqué, l’homme s’introduit, en pleine nuit, dans les internats, les colonies de vacances et les maisons de jeunes. A l’époque, « l’homme en noir » crée la psychose dans tous les établissements, qui s’équipent même de détecteurs de mouvement. Surtout, le suspect demeure insalissable.

Au total, dans les années 1990, une quarantaine d’enfants auraient été victimes du redoutable prédateur.

Martin Ney : la « double personnalité » du tueur des colonies de vacances

L’horreur monte d’un cran lorsqu’on découvre qu’il serait l’auteur de plusieurs meurtres.

Le 31 mars 1992, Stefan Jahr, 13 ans, disparait de son pensionnat, près de Rothenburg. Cinq semaines plus tard, on retrouve son corps sans vie, ligoté, dans les dunes.

En juin 1995, le cadavre du petit Dennis Rostel, 8 ans, disparu depuis deux semaines, est lui aussi découvert, enterré dans le sable, au Danemark.

Le 5 septembre 2001, c’est le jeune Dennis Klein, 9 ans, qui est à son tour découvert, gisant dans un bosquet de la région de Basse-Saxe.

Pour les enquêteurs allemands, il ne fait aucun doute : ces meurtres sont l’œuvre du « prédateur masqué » des colonies de vacances.

Les enquêteurs s’intéressent à Martin Ney en 2007. Mais à l’époque, il est relâché, faute de preuves. Pour cause : le pédophile, né en 1970 à Brême, dans le nord de l’Allemagne, est décrit par son entourage comme un type « sympathique », « discret et amical ». Après avoir envisagé une carrière ans l’armée, Martin Ney s’est finalement tourné vers l’accompagnent des jeunes, en devenant éducateur pour enfants. Il est même un temps famille d’accueil, et héberge un garçon pendant près de 4 ans. Mais derrière les apparences, le travailleur social, qui ressent, selon un psychiatre, une « puissante attirance pour les garçons prépubères », fait preuve d’une incroyable perversité.

En 2011, il est à nouveau arrêté, et cette fois, il reconnait une série de crimes commis entre 1992 et 2001. Il est condamné à la perpétuité en 2012.

Affaire Jonathan Coulom : bientôt la fin du mystère ?

Dès son arrestation en 2011, Martin Ney est questionné sur l’affaire Jonathan Coulom. Mais le pédophile nie en bloc. Surtout, il a un alibi solide : sa carte bancaire a été utilisée, en Allemagne, le soir des faits.

Mais en 2018, coup de théâtre. Le codétenu de Ney révèle à la justice que l’homme lui aurait avoué le meurtre de Jonathan. Il raconte même être surpris de ne pas avoir été appréhendé plus tôt, car il aurait laissé « par mégarde » son sac à dos sur place.

En octobre 2019, un mandat d'arrêt européen est mis à l'encontre de Martin Ney, et le pédocriminel allemand est mis en examen par la justice française le 25 janvier 2021 pour « meurtre d'un mineur de moins de 15 ans et arrestation, enlèvement et séquestration, ou détournement arbitraire de mineurs de moins de 15 ans ».

Son procès pourrait avoir lieu prochainement : la justice allemande a mis le suspect à disposition de la France pour une durée de huit mois seulement.

Les enquêteurs allemands, de leur côté, continuent d’éplucher le parcours du prédateur, qui n’aurait pas livré tous ses secrets. Selon Le Parisien, Marin Ney serait également suspecté dans d'autres affaires criminelles en Pologne, en Grèce et en jusqu’en Amérique du Sud.

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