L’infirmière avait du mal à joindre les deux bouts : elle a empoisonné ses deux fillettesIstock
Sylvie W., une infirmière d'Is-sur-Tille (Côte-d'Or) comparait cette semaine devant les assises de Dijon. Elle est accusée d'avoir empoisonné ses deux fillettes de 7 et 9 ans. La plus jeune ne survivra pas. Récit d'une descente aux enfers.
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En 2019, Sylvie W. a 38 ans : elle est infirmière, et vit seule avec ses deux filles âgées de 7 et 9 ans à Is-sur-Tille, un petit village de la Côte-d’Or. Elle est séparée du père depuis plusieurs mois, et tente, tant bien que mal, de s’en sortir.

Jusqu’au jour où tout bascule.

Le 25 novembre 2019, dans la maison familiale, l’aînée des deux filles se réveille, vaseuse, dans le lit de sa mère. Il est aux alentours de 10 heures, le matin. Elle devrait être à l’école. A ses côtés, elle remarque que Sylvie W et sa petite sœur dorment, d’une drôle de façon. Elles semblent paralysées leurs yeux sont révulsés.

Inquiète, la fillette appelle ses grands-parents. Ils alertent immédiatement les secours. Sur place, ces derniers constatent, sur la table de nuit de la mère de famille, la présence d’une plaquette d'anxiolytiques et de trois seringue vides. Elles contenaient de l’insuline.

Sylvie et sa cadette sont immédiatement transférées à l’hôpital.

« Personne ne pouvait s’attendre à un drame aussi horrible » 

La mère s’en sort. La fillette, hélas, succombe quatre jours plus tard.

Une information judiciaire est alors ouverte l'encontre de la mère de famille des chefs d’empoisonnement sur mineures de 15 ans.  Selon les premiers éléments de l’enquête, Sylvie W. aurait s ciemment injecté une forte dose d’insuline à ses deux filles, avant de s’en administrer à son tour, dans l’espoir de se donner la mort.

Dans le village, c’est la stupeur, et l’incompréhension. « J e n'ai pas senti que ça n'allait pas. On savait que c'était compliqué, mais avec le travail, avec les enfants, on s'est un peu éloignés. Aujourd'hui, de savoir ça c'est terrible », témoigne Charlyne Godefroit, une voisine de la famille, au micro de France 3. « C'est pire qu'un drame, c'est une perte colossale, qui va certainement résonner. Espérons que ça ne se renouvelle pas et que les choses seront faites en conséquence et que nous puissions tous nous recueillir sur cette petite […] Personne ne pouvait s'attendre à un drame aussi horrible", ajoute un autre riverain à l’adresse de nos confrères.

Mais qu’est-ce qui a pu pousser une mère de famille sans histoire à commettre le pire ?

Pâtisseries, bonbons et empoisonnement : le récit terrible du crime

Entendue plusieurs jours après le drame, Sylvie W. va faire de glaçantes confidences aux enquêteurs.

Le dimanche 24 novembre au soir, elle raconte avoir aidé, comme à son habitude, ses filles à faire leurs devoirs. Les deux sœurs ont ensuite joué, avant de prendre leur bain. Puis, l’ainée a regardé la télé, en grignotant quelques bonbons. Pendant ce temps-là, Sylvie envoie un message à leur école : elle prévient que les deux enfants sont malades, et qu’elles vont manquer la classe le lendemain.

Elle adresse un dernier message à son voisin, un homme marié avec qui elle entretenait une liaison :

« Je pense très fort à toi.. mais… Bonne soirée et bonne nuit ».

Ensuite, au moment du coucher, la mère de famille rassemble ses filles et leur donne un « médicament ». Il s’agit en réalité d’un puissant anxiolytique, qui les rend inconscientes en un rien de temps. Sylvie W leur administre alors une dose astronomique d’insuline, par injection, avant de répéter le geste sur elle-même.

L’infirmière avait tout prévu. Deux jours plus tôt, le vendredi, elle avait dérobé les stylets d’insuline et les comprimés de tranquillisant dans la pharmacie de la clinique où elle était employée. Le lendemain, elle avait offert des pâtisseries à ses filles.

« Je n’en pouvais plus, je n’avais plus la force de continuer » : le mobile tragique de l’infanticide

Mise en examen pour empoisonnement sur mineur de 15 ans, Sylvie W. reconnait son geste sans peine, le geste d'une mère désespérée. Elle raconte avoir été en proie, dans les mois précédant le drame, à des idées noires

Elle ne supportait pas son nouveau travail de cadre de santé, trop administratif, et surtout, elle peinait à vivre décemment, avec son salaire d’infirmière et ses deux enfants à charge.

Tous les 10 du mois, la mère de famille était à découvert.  

La pression, pour Sylvie, qui voulait simplement « être à la hauteur » était trop lourde. A l’époque des faits, elle était sous traitement antidépresseur.

Le 7 novembre 2022, près de 3 ans après le meurtre de sa cadette, le procès de Sylvie W. s’est ouvert devant les assises de Dijon. A la barre, la mère serait revenue, dans un premier temps, « lucidement » sur le drame, évoque Le Bien Public

« Je n’en pouvais plus, je n’avais plus la force de continuer », a soufflé l’accusée devant la cour.

En fin de journée, la quadragénaire a fini par craquer. Elle a dû être hospitalisée, et les audiences suspendues.

Le verdict est attendu le 10 novembre.

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