Marie Arbant et le juge Friant, l’amour interdit entre une prostituée et un magistrat

 
 
Auteur de l'article eleonore.bounhiol , publié le 24/06/2022 à 17:06
Une femme sur un trottoir
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Un jour de mars 1999, Marie Arbant, une ancienne prostituée de 43 ans, est retrouvée sans vie chez elle. C’est son ami, l’ancien juge Le Friant, qui découvre la scène. Les deux avaient partagé une idylle entre 1988 et 1995. Au cœur du « scandale », le magistrat avait été radié de l’ordre. Depuis, Marie enchaînait grèves de la faim et menaces de suicide pour protester. Récit d’un amour engagé qui a fait des vagues.

Il l’avait arrachée des griffes de la prostitution. Elle s’est battue pour lui à son tour... Jusqu'à la mort. 

Dans les années 1980, Philippe Le Friant, juge de la police à Lyon, fait la rencontre de Marie Arbant, une prostituée d’à peine trente ans. Le magistrat s’occupait des affaires de prostitution dans la ville, et il avait à cœur de rencontrer les premières concernées.

« Moi aussi,  je faisais le trottoir. Je voulais m'intégrer dans le paysage. Je voulais pouvoir discuter avec les filles et les "proxos" lyonnais pour mieux connaître le milieu et aider ces femmes à en finir avec le tapin », racontait le juge à Paris Match.

C’est lors de l’une de ses « rondes » qu’il croise Marie, place des Terreaux, où elle tapine. Son histoire le bouleverse. La jeune femme, maman de deux enfants placés à la Ddass, a été vendue à un proxénète par son époux qui cherchait à éponger ses dettes. Dès lors, le piège s’est refermé. Elle a commencé par exercer aux abords de la route nationale, comme toutes les débutantes, jonglant avec la pollution, le trafic intense et les clients malpolis. Et puis, elle s’est installée sur cette place de la ville Lumière, réservée aux « gagneuses ». A l’époque où elle rencontre le juge Le Friant, elle semble bien accrochée au trottoir.

Philippe le Friant, le juge et les filles de joie

Mais l’homme de loi ne se décourage pas. Cette femme l’émeut, il veut tout faire pour la sauver. Surtout que Marie, qui refuse parfois de travailler et disparait régulièrement pendant plusieurs jours, est régulièrement violentée par ses maquereaux.

Philippe Le Friant lui assure que la porte de son bureau lui sera toujours ouverte. Il revient sur la place tous les soirs, discute avec les filles de joie, et gagne leur confiance.

Mais la hiérarchie du magistrat ne voie pas cette proximité d’un très bon œil. En 1986, le juge est muté au tribunal pour enfants du Puy-en-Velay.

En 1987, dans son nouveau bureau, il reçoit un coup de téléphone inattendu. A l’autre bout du fil, Marie est en larmes. On a tenté de tirer sur elle à travers les vitres de son appartement. Elle a réchappé à la balle de justesse.