Messes noires et sacrifices d’enfants : l’histoire du dernier procès de sorcellerie en France

 
 
Auteur de l'article eleonore.bounhiol , publié le 16/09/2022 à 16:09
Une messe noire (gravure d'Henry de Malvost)
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En 1669, un dénommé Jacques Noël comparait à La-Haye-du-Puits, dans le Cotentin ; il est accusé de sorcellerie. Son procès va révéler de sombres vérités : c’est en réalité tout le village qui s’adonnera à la pratique occulte, organisant messes noires à la gloire de Satan et sacrifiant des nouveaux-nés sur un hôtel macabre. L’affaire aura un retentissement tel que le Roi-Soleil en personne, Louis XIV, sera contraint d’intervenir. Récit d’une « chasse aux sorcières » qui a fait date.

On dit qu’il s’agit du dernier procès en sorcellerie intenté en France... et du plus tonitruant.

En 1666, le procès de Jacques Noël s’ouvre à La-Haye-du-Puits, dans le Cotentin normand. On accuse ce jeune homme de sorcellerie, car il fait montre de comportement très étranges : il a régulièrement en proie à des crises de spasmes, et se dit le réceptacle de visions étranges.

Interrogé par le magistrat, l’habitant du bourg se défend. Ça n’est pas de sa faute, il a été ensorcelé.  Et de raconter que des villageois l’ont contraint d’assister, un soir, à une messe noire de sabbat, sur le Mont-Etenclin, à quelques kilomètres de La-Haye.

La colline est d’ailleurs réputée pour abriter loups-garous et esprits d’outre-tombe. La nuit où Jacques Noël est traîné sur place, il aurait même vu « le Diable» parmi l’assistance, sous la forme d’un homme en noir, avec des cornes et des yeux perçants.

La révélation fait l’effet d’une bombe. Très vite, le bailli de la commune décide de mener une enquête de fond, avec les grands moyens. Tous les habitants sont interrogés : ont-ils participé à ces messes secrètes et nocturnes ?

Des sorciers qui dansent nus et des moitiés de bébés en guise d’offrande  

Avec stupeur, de nombreux témoins abondent dans le sens de Jacques Noël et décrivent, à leur tour, ce qu’ils ont vu lors de ces séances occultes. Un villageois raconte qu’une nuit, il aurait aperçu une assemblée de sorciers en train de s’adonner à des danses « impures », nus comme des vers. Une autre fois, c’est un femme qui témoigne que son fils serait né d’un accouplement avec le Diable lors de ces rassemblements.

Pire encore : au fil des auditions, on apprend que les adeptes de ces rites diaboliques avaient l’habitude de déposer, en guise d’offrande au Malin, des « moitiés de nouveaux-nés », sacrifiés sur un autel de fortune. Les petits corps étaient au préalable bouillis, dépecés et mélangés avec des serpents, de sorte à en faire une « graisse magique » permettant aux participants de « voler » comme des corbeaux.