Mystères oubliés : le drame du « garçon dans la boîte »
C'est l'une des affaires les plus déroutantes du siècle dernier. Dans les années 1950, dans un bois au nord de Philadelphie, le corps sans vie d'un bambin est découvert, caché dans une boîte en carton. 65 ans plus tard, les questions sont encore nombreuses. Retour sur le drame oublié du « garçon dans la boîte ».
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1957, aux Etats-Unis. La société de consommation bat son plein, l’Amérique écoute Elvis et fantasme sur Marilyn. Mais l’insouciance est troublée, cette année-là, par une macabre découverte.

Le 25 février, dans une petite forêt situé au nord de Philadelphie (Pennsylvanie), une jeune garçon qui venait vérifier ses pièges à rats musqués se retrouve face à une vision traumatisante. Dans une boîte en carton, au milieu de divers déchets, il croit apercevoir le petit corps d’un bambin. Mais il a trop peur que la police le « gronde » s’il parle de sa découverte, alors, il se tait.

Le calvaire de l’enfant dans la boîte

Quelques jours tard, un étudiant qui passait par là en voiture remarque qu’un lapin court à l’orée du bois. Il décide d’inspecter les environs, car il sait que les pièges sont courants dans cette forêt. C’est en s’avançant dans le bosquet qu’il tombe, à son tour, sur la boîte. A l’intérieur gît, enveloppé dans une couverture, le corps nu d’un enfant qui semble très jeune. L’étudiant signale immédiatement sa découverte à la police.

Les forces de l’ordre, dans un premier temps, sont assez optimistes : cet enfant disparu doit forcément être recherché par sa famille. Mais en découvrant la dépouille du bambin, ils réalisent que la situation est tout autre.

L’enfant de la boîte, aurait, selon les experts médico-légaux, entre 3 et 7 ans. C’est un blondinet au teint très pâle, en état de dénutrition sévère. Ses cheveux sont emmêlés, coupés grossièrement. Surtout, il est extrêmement maigre, et couvert de blessures. Son corps présente de nombreuses ecchymoses, et plusieurs cicatrices, notamment à l’aine et au menton.

La mystérieuse petite victime a vraisemblablement vécu un calvaire pendant de longues années. Mais qui est responsable de son sort, et surtout, qui a l’a abandonné au milieu de la forêt, sans égards ?

Pour la police, c’est le début d'une investigation sans précédent.

L’enfant dans la boîte, le mystère qui bouleverse l’Amérique

Car les enquêteurs disposent de très peu d’éléments pour identifier l’enfant de la boîte. Ses empreintes sont bien prélevées, mais elles ne correspondent à aucun signalement.

Dans les jours qui suivent la découverte, les forces de l’ordre vont alors déployer un dispositif de grande envergure, assignant près de 270 officiers au dossier, et distribuant 40 000 flyers dans la région.

Ils tentent également de remonter la trace des deux seuls indices que leur offre, pour l'heure, la terrible scène. Le carton, tout d’abord, qui semble provenir d’un grand magasin américain, et renfermait à l’origine un berceau. Et la couverture, vendue par un géant du textile à plusieurs milliers d’exemplaires dans le pays. Impossible, donc, de retrouver leurs acheteurs, q ui se cachent parmi les trop nombreux clients de ces enseignes.

Sur place, d’autres objets sont découverts dans la foulée, notamment une casquette bleue et un mouchoir en tissu portant la lettre « G ». Mais leur analyse ne donne rien non plus.

Mais les mois passent, et, si l’affaire continue de bouleverser l’Amérique, l’identité du garçon, elle, demeure un mystère.

Il faut attendre 1960 pour qu’une nouvelle piste émerge enfin. Cette année-là, un médecin légiste qui travaille sur l’affaire s’entretient avec une médium. Pour elle, le garçon aurait vécu dans une famille d’accueil de la région, dont elle décrit précisément la maison. La fille adoptive de l’assistant familial résidant sur place aurait donné naissance à l’enfant hors-mariage, avant de s’en « débarrasser » après des années de sévices.

Les enquêteurs décident d’aller y faire un tour, et découvrent, avec stupéfaction, les mêmes couvertures que celle ayant servi à envelopper le corps du garçon, ainsi qu’un berceau correspondant en touts points à celui qui se trouvait originellement dans le carton.

Mais ces éléments qui pourraient tout aussi bien s’apparenter à des coïncidences ne suffisent pas à poursuivre la famille, qui nie toute implication dans l’affaire.

L’enfant dans la boîte : la dernière théorie

Plus tard, une femme va faire de nouvelles révélations choquantes sur l’identité du garçon. Elle raconte aux enquêteurs qu’il aurait été « acheté » par sa mère, une femme violente qu’il l’aurait maltraité pendant des années. Un soir, le bambin aurait rendu son dîner de haricots et sa mère, folle de rage, aurait cogné sa tête contre un mur. Il serait ensuite mort pendant qu’elle tentait de lui faire prendre un bain, probablement pour laver son sang.

Pour la police, cette version semble étrangement crédible, car on avait bien retrouvé, lors de l’autopsie du garçon, des traces de haricots dans son estomac. Ses doigts, par ailleurs, étaient fripés, comme après un bain.

Mais le soufflé retombe vite. La dame à l’origine de ses révélations souffre, en réalité, de sévères troubles psychiatriques, et les enquêteurs discréditent son témoignage.

65 ans plus tard, l’enfant de la boîte n’a toujours pas été identifié, pas plus que ceux qui sont responsables de son sort n’ont été confondus. Mais la police de Philadelphie poursuit ses investigations, dans l’ombre, et espère bien, un jour, trouver un dénouement à ce « cold case » bouleversant.

« Je le fais parce que je suis policier, monsieur. Et parce que ce gosse n'a toujours pas de nom » , confiait le sergent Bob Kuhlmeier, patron de l'unité d'investigations spéciales de la police de Philadelphie, en 2018 dans les colonnes du Monde.

Au cimetière de Ivy Hill, à Philadelphie, on a aménagé un bout de terrain en hommage au garçon inconnu. Tous les jours, des quidams viennent se recueillir sur la tombe gravée de l’épitaphe : « Le garçon inconnu de l’Amérique » et y déposer une peluche, dans l’espoir que sa mort soit plus douce que sa vie.