Sœur Gabrielle : le « cold case » qui fascine encore la Belgique Istock
En 1982, sœur Gabrielle disparaît mystérieusement de son couvent, pour ne jamais revenir. En savait-elle trop sur le chanoine des lieux, qui cachait un lourd secret ? 39 ans plus tard, l'affaire revient sur le devant de la scène.
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Une affaire qui n’a toujours pas de point final. De l’autre côté de notre frontière avec la Belgique, une religieuse sème le trouble depuis bientôt 40 ans. C’est plutôt son absence qui pose question, car elle a mystérieusement disparu au début des années 1980 et n’est jamais revenue. 

Comme l’explique Le Monde, sœur Gabrielle, à l’époque âgée de 56 ans, se volatilise le 6 mars 1982. Née Germaine Robberechts, elle vit alors au sein de l’ancien couvent des Saints-Vincent-et-Paul à Termonde, en Flandre-Orientale. La quinquagénaire détonne parmi les sœurs, car elle fait de l’art plastique, joue de l’accordéon et, surtout, a l’habitude de dire ce qu’elle pense. Elle a également décroché son permis de conduire, précise le quotidien, et fait gentiment office de chauffeur pour les autres religieuses ainsi que le chanoine des lieux, Gaston Mornie. 

Soeur Gabrielle : la religieuse en savait-elle trop ?

Profitant de son véhicule et de son envie de lui rendre service, ce dernier demande à sœur Gabrielle de le déposer régulièrement à certains endroits où il est attendu pour des « lectures » ou des « retraites », explique Le Monde. Peut-être très discret, l’homme souhaite qu’elle le laisse à quelques centaines de mètres du lieu de rendez-vous, ce qui finir par intriguer sœur Gabrielle, cette dernière étant parfois obligée d’attendre son retour pendant de longues heures. Le chanoine Gaston Mortie a-t-il un lourd secret que la religieuse est parvenue à percer ? En réalité, il se fait conduire dans des sex clubs, parfois des bars homosexuels et elle finit par le comprendre. Cette découverte a-t-elle entraîné sa disparition, seulement quelques mois après ? 

Soeur Gabrielle : une violente dispute trois jours avant sa disparition

Au début de l’année 1982, sœur Gabrielle connaît le secret du chanoine. Ce dernier découvre alors sous son oreiller des notes lui intimant de mener une vie plus chrétienne. Ces recommandations pourraient venir de n’importe quelle femme du couvent, mais sœur Gaby est, selon Le Monde, la seule à posséder le trousseau de toutes les chambres. La coupable est donc toute désignée, mais Gaston Mortie avait-il fait le rapprochement ? 

Ces suppositions ne peuvent pas faire du chanoine un coupable mais, trois jours avant la disparition de la religieuse, une violente dispute éclate entre les deux. Personne n’est alerté et, selon les informations du journal Het Laatste Nieuws, c’est parce qu’à l’époque, le chanoine connaît du beau monde à Termonde. Le Monde précise qu’il s’agit notamment du substitut chargé de l’enquête et du procureur, qui refusèrent alors de diffuser un avis de recherche à la télévision. 

Le temps passe et les proches de la religieuse s’inquiètent de son silence. Arrivés sur place, on leur dit que sœur Gabrielle est partie, car elle est tombée amoureuse d’un paysan des environs. Vérification faite, l’homme en question n’a pas de maîtresse et n’a pas non plus pris la fuite. L’épiscopat, de son côté, affirme qu’il s’agit d’un « départ volontaire » du couvent. Ce refus d’enquêter dure huit ans, jusqu’à ce que les agissements du chanoine soient mis au jour… 

Soeur Gabrielle : les fouilles de la dernière chance

C’est un événement extérieur qui fait basculer l’enquête. Comme l’explique Le Monde, un policier qui mène des investigations sur un trafic de drogue en 1990, entend parler d’un certain « Herman », qui est en réalité Gaston Mornie. L’étau se resserre peu à peu autour de ce dernier, car il est accusé par plusieurs élèves du couvent de leur avoir donné de l’argent en échange de rapports sexuels. Huit ans après la disparition de la religieuse, des fouilles sont menées dans un de ses anciens domiciles et dans certaines parties du couvent. Elles ne donnent rien. 

Jusqu’à sa mort en 2011, Gaston Mornie parvient à échapper aux autorités policières et judiciaires. Pourtant, son interrogatoire avec un détecteur de mensonge permet de conclure qu’il ne dit pas la vérité quant à la disparition de sœur Gabrielle. Faute de preuve, il est laissé libre, jusqu’à sa mort il y a dix ans. 

39 ans après, cette mystérieuse disparition reste inexpliquée. La famille de la religieuse attend toujours des réponses, qu’elle n’obtiendra peut-être jamais. L’enquête est toujours en cours et de nouvelles fouilles ont été menées au mois d’octobre sur le terrain de l’ancien couvent. Elles n’ont pas permis de retrouver la dépouille de sœur Gabrielle.