« Killers groupies » : qu'est-ce qui rend les pires criminels sexy ?
Landru, Guy George, Luka Magnotta… Les tueurs en série ont, eux aussi, leurs adoratrices prêtes à tout pour les séduire. Un phénomène qui s'est accentué avec l'essor des réseaux sociaux.
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Patrick Bruel, Adam Levine ou encore Justin Timberlake, tous les grands artistes ont leur cohorte de fans, généralement de jeunes admiratrices prêtes à tout pour se faire remarquer de leur idole. Un phénomène qui amuse les médias et exaspère les parents de ces jeunes, impuissants devant tant de fanatisme. Plus étonnant toutefois, les pires criminels, les tueurs en série, auraient, eux aussi, leurs groupies. Un phénomène qui a interpellé Isabelle Horlans, journaliste et auteure de L'amour (fou) pour un criminel (Cherche Midi), la première fois qu’elle s’en est rendue compte.

Fascination morbide pour les pires criminels : un phénomène qui ne date pas d’hier

« Lors de mes débuts, je remarquais souvent, dans les cours d’assises, des jeunes femmes installées sur les bancs de devant qui essayaient de se faire remarquer de l’accusé. La première fois, c’était au procès de Guy George en 2001, raconte la journaliste. Les filles étaient plutôt jolies et très jeunes. Je pensais que le physique avenant de Guy George ne les laissait pas indifférentes. Mais je me suis rapidement rendu compte que cela n’avait rien de physique : elles éprouvaient une véritable attirance pour les tueurs en série. »

Intriguée par le phénomène, la journaliste décide d’enquêter et se rend alors compte que le phénomène est planétaire. Pour preuve, Luka Magnotta, surnommé le « dépeceur de Montréal » pour avoir tué, dépecé et violé un étudiant chinois en 2012, reçoit des centaines de lettres de fans, selon les médias canadiens. Idem pour Richard Ramirez, un tueur en série mort en 2013, qui avait plusieurs groupes réunissant des centaines de fans sur les réseaux sociaux. Comment expliquer un tel phénomène ?

« Dans le passé, certaines courtisanes venaient aux exécutions publiques pour tremper leurs mouchoirs dans le sang des guillotinés »

Pour Isabelle Horlans, il y a toujours eu une certaine fascination pour le crime. « Dans le passé, certaines courtisanes venaient aux exécutions publiques pour tremper leurs mouchoirs dans le sang des guillotinés, relate la journaliste. Mais il y en a beaucoup plus aujourd’hui à cause des réseaux sociaux, des documentaires et des films qui vont parfois jusqu’à déifier les tueurs. » Autre particularité de ces groupies : il s’agit principalement de femmes. « Pour la gent masculine, l’image de la femme est associée à la mère. Dans leur esprit, une femme qui tue est donc terrifiante. De plus, l’amour épistolaire ne passionne pas les hommes car ils ont tendance à vouloir des relations sexuelles, ce qui n’est pas possible avec celles qui se trouvent dans le couloir de la mort. » Si la grande majorité des admiratrices de tueurs en série sont des femmes, elles sont pourtant loin de toutes répondre au même schéma. 

« Certaines femmes trouvent le grand frisson en flirtant avec un criminel »

Parmi les fans de tueurs en série, il y aurait au moins trois catégories de femmes. « La catégorie la plus répandue, ce sont celles qui croient en la rédemption, en la seconde chance. Ce sont souvent des chrétiennes, qui sont attachées au droit au pardon et qui ont, selon les psychiatres, le syndrome de l’infirmière, c’est-à-dire qu’elles veulent sauver les âmes perdues », indique Isabelle Horlans. Autre catégorie : celles qui sont en mal de reconnaissance. « Autrefois, le grand frisson se résumait à afficher le poster d’Elvis Presley dans sa chambre. Aujourd’hui, la violence est de plus en plus prononcée sur les écrans, et certaines jeunes femmes trouvent le grand frisson en flirtant avec un criminel, constate la journaliste. Cette catégorie concerne principalement les 15-25 ans, qui ont des personnalités assez fragiles, qui se cherchent, et qui ont besoin d’un coup d’éclat pour exister. » Une troisième catégorie de fans se démarque toutefois des deux premières. 

« Rien de plus rassurant d’un homme qui va leur faire la cour par lettres ou par vitre interposée »

Les jeunes ne sont pas les seules à tomber dans l’escarcelle des pires criminels. En effet, avec l’aide de psychiatres, Isabelle Horlans est parvenue à établir une troisième catégorie : les « perdues ». Ce sont généralement des femmes divorcées et traumatisées par la vie de couple. « Pour ces quinquas, il n’y a rien de plus rassurant qu’un homme qui va leur faire la cour par lettres ou par vitre interposée au parloir, un homme qui ne les touchera jamais, explique Isabelle Horlans. Elles sont presque romantiques et trouvent la tranquillité auprès d’hommes qui ne ressortiront, pour la plupart, jamais de prison. » Mais attention, malgré les apparences, les histoires d’amour avec les tueurs finissent rarement bien…

Des histoires d’amour qui finissent souvent mal, très mal

Elles ne s’en rendent pas forcément compte, mais les femmes qui sortent avec un tueur en série prennent souvent des risques démesurés. Dans son ouvrage, Isabelles Horlans narre ainsi l’histoire de Béatrice, une anesthésiste bordelaise. Convaincue de l’innocence de Dany Leprince, un criminel condamné pour quadruple meurtre, elle est allée jusqu’à l’épouser, s’engageant corps et âme pour lui. Lors de sa libération, celui-ci n’a toutefois pas attendu bien longtemps avant de la larguer pour une autre, ne lui laissant que ses yeux pour pleurer. Autre histoire d’amour qui finit mal : celle de deux sœurs australiennes qui, après avoir quitté leurs maris pour deux tueurs sanguinaires, se sont fait fracasser le crâne à coups de marteau et arracher les dents, lorsque leurs amants sont sortis de prison. Des histoires qui ont de quoi refroidir.

Crédit photo : ©Flickr/Sarah