Bien avant Xavier Dupont de Ligonnès, ces hommes aussi ont massacré toute leur famille

 
 
Auteur de l'article eleonore.bounhiol , publié le 08/02/2022 à 17:02
Bien avant le quintuple meurtre de Nantes qui a bouleversé la France entière, d’autres pères, maris, ou fils se sont octroyés le « droit » de supprimer leur famille entière.

C’est un dossier hors norme qui fascine depuis maintenant plus de 10 ans : l’affaire Dupont de Ligonnès. En avril 2011, les corps d’Agnès, Arthur, Thomas, Anne et Benoît de Ligonnès sont retrouvés, enterrés dans le jardin de leur maison familiale à Nantes. Jusqu'à ce jour, le père de famille, Xavier Dupont de Ligonnès, demeure introuvable. Et son crime continue d’interroger, de choquer et d’être alimenté par les théories les plus folles.

Car dans l’opinion publique, cette question demeure sans réponse : comment un homme peut-il décider de supprimer sa famille entière, de sang-froid ?

Xavier Dupont de Ligonnès ne serait pourtant pas le premier homme à s'être rendu coupable d'une atroce tuerie familiale. Dans l’histoire, de nombreuses affaires ressemblent d’ailleurs, de près ou de loin, au drame de Nantes.

Endettement, jalousie, et troubles psy

En novembre 1971, John Emil List, un américain de 46 ans, va faire la une des journaux Outre-Atlantique. Après avoir abattu froidement ses trois enfants, sa mère, et sa femme, il a tout simplement disparu des radars. Plus d’un mois s’écoule avant que le monde ne découvre même le quintuple meurtre, car John List a tout préparé dans les moindres détails pour échapper à la justice. Pendant les 18 années qui suivront, il va même refaire sa vie, comme si de rien n’était, avant d’être interpellé en Virginie, où il finira par être reconnu par les téléspectateurs d’une émission à son sujet.

Mais en France aussi, des hommes ont massacré leur famille entière, certains échappant même à la justice. Dans ces « maisons de l’horreur », souvent, on retrouve d’ailleurs les mêmes ingrédients : endettement, jalousie, et troubles psychiatriques.

Découvrez ces 7 tueries familiales tragiques qui ont marqué le territoire français.

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Un immeuble haussmanien Istock

L’aristocrate déchu

Le 8 décembre 2010, Estelle, une mère de famille et ses deux enfants Edouard, 18 ans, et Charlotte, 20 ans, sont retrouvés sans vie dans leur appartement cossu de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine). Le père, François, 57 ans, est entre la vie et la mort. Evacué à l’hôpital, il est plongé dans le coma.

L’autopsie va révéler que les quatre membres de la famille ont absorbé une quantité hallucinante de médicaments.

Sur place, les enquêteurs découvrent deux lettres manuscrites, signées par les parents. Ils y évoquent leur souhait d’en finir, et de « prendre les enfants avec eux », car ils ne peuvent se résoudre à les laisser.

Au bord de la faillite

L’enquête révèle très vite que le couple était en proie à des difficultés financières importantes. Les deux époux ne travaillaient pas, vivant sur les rentes de la famille de François, avant de se retrouver à court de liquidités. Estelle souffrait par ailleurs de dépression, notamment en raison de l’autisme de son fils Edouard. Elle avait déjà tenté de s’ôter la vie à plusieurs reprises.

Mais pour les enquêteurs, cette affaire n’a rien d’un suicide collectif. Les enfants, qui n’avaient jamais fait mention d’envies suicidaires à leur entourage, auraient été empoisonnés à leur insu.  Surtout, le père, François, aurait absorbé le cocktail terrible de médicaments des heures après leur décès et celui de sa femme. Il est d’ailleurs le seul à y avoir survécu.

Quelques jours après le drame, il sort du coma. Il est mis en examen pour « empoisonnement », « empoisonnement sur personne vulnérable » et «provocation au suicide ».

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Une boîte de médicaments Istock

Les pilules de l’horreur

Le 30 mai 2010, à Pouzagues, une commune de Vendée, six corps inertes sont retrouvés dans un pavillon familial. Il s’agit de ceux d’Emmanuel Bécaud, un médecin de 34 ans, de sa femme de 35 ans, Sylvie et de leurs quatre enfants, âgés de 3 à 9 ans.

Le père de famille s’est pendu. Sylvie a été véritablement massacrée à coups de couteau. Et les enfants, tués d’un coup de bûche sur la tête.

Un médicament responsable du coup de folie ?

Dans l’entourage de la famille, des témoins assurent qu’Emmanuel Bécaud était en proie à une grande fatigue ces derniers jours. Au fil de leurs recherches, les enquêteurs vont finir par soupçonner… un antidépresseur d’être responsable du « coup de folie » du médecin. Car rien dans le parcours ou le profil du trentenaire ne laissait à penser qu’il aurait pu en arriver là. Surmené et sous pression au travail, Emmanuel Bécaud était en effet sous traitement de sertaline, un médicament déjà soupçonné par le passé d’avoir des effets secondaires dévastateurs et de provoquer des accès de violence chez les patients.

Mais en raison du décès d’Emmanuel Bécaud, l’affaire ne sera jamais jugée.

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Un fusil/carabine Istock

L’adolescent meurtrier

C’était un adolescent « comme les autres », et même un garçon « proche de sa famille » et « épanoui », selon son entourage.

Pourtant, le 12 août 2009, dans un village de Haute-Corse, Andy Fromageau, 15 ans, va s’emparer du fusil de chasse familial et abattre froidement en pleine nuit ses parents et ses deux frères jumeaux de 10 ans. Il envoie ensuite un SMS à un ami : « Au secours, il y a quelqu’un chez moi ».

Jugé irresponsable

Les enquêteurs découvrent rapidement qu’il n’en est rien, et que c’est bien Andy qui est l’auteur de la tuerie. Mais l’ado n’explique pas son geste. Certains psychiatres estiment que son discernement était aboli au moment du drame, notamment en raison d’une tumeur bénigne, décelée dans son cerveau quelques mois avant le drame. Si l’infection ne nécessitait pas d’opération, elle aurait pu altérer l’état psychique du garçon cette nuit-là.

Au terme de deux procès, il est finalement jugé irresponsable du quadruple meurtre. Mais il est interdit de séjourner en Corse pour 20 ans, et doit retourner au sein d’une unité de soins spécialisée.

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Un homme dans l'ombre regarde par la fenêtre Istock

Le quintuple meurtre de La Magdelaine

Jeudi 10 juillet 2008, à17h57, les pompiers reçoivent l'appel désespéré d'une jeune femme, mais la communication est rapidement coupée. Vers 18 heures, ils ont localisé l'appel et découvrent, à La Magdelaine-sur-Tarn (31), dans la demeure familiale des Vacquier, quatre corps. Ceux de deux frères, Bernard, 51 ans, et Jacques, 47 ans ainsi que leurs deux neveux, Grégory, 26 ans, et Benjamin, 25 ans. Marion, 20 ans, la copine de Grégory, qui a donné l'alerte, meurt peu après.

Seul membre de la fratrie qui manque à l’appel : Jean-Claude Vacquier, 55 ans, le frère de Bernard et Jacques, et le père de Benjamin et Grégory. Dépressif et violent, il avait menacé sa femme quelques jours auparavant de « tuer tout le monde » si celle-ci le quittait. Ce soir-là, Jean-Claude aurait d'abord tué ses frères avant d'attendre, patiemment, ses deux fils, et d'achever Marion de six balles dont deux dans la tête. Pour les forces de l'ordre, il devient impératif d'arrêter le père de famille avant qu'il ne fasse d'autres victimes.

Obsédé par son ex-femme

Les gendarmes mettent alors en place un dispositif hors norme afin de retrouver le fugitif, et un appel à témoins est diffusé dans toute la France. Les recherches s'étendent jusque dans l'Hérault, où le suspect est susceptible de se rendre. Car l'obsession de cet ancien cuisinier, en instance de divorce, c’est bel et bien sa femme, Isabelle, qui habite Béziers. Une femme à qui il aurait fait subir des violences répétées et surtout un viol atroce.

Samedi 12 juillet, vers 21 heures. Jean-Claude Vacquier appelle sa femme. Son portable est alors localisé à La Magdelaine, dans la maison familiale. A 23h50, il sort et, devant les gendarmes, se tire une balle dans la tête. Son suicide met fin à l’action publique contre lui. Jean-Claude Vacquier ne sera donc jamais jugé pour ce quintuple meurtre familial.